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des problèmes que le service des monumens historiques aura à résoudre au lendemain de cette guerre, — et dans quelles conditions plus pathétiques et émouvantes qu’à aucun autre moment de notre vie nationale !

M. Paul Léon l’avait complètement écrit avant la guerre. Si une ou deux des photographies qui l’illustrent très utilement portent çà et là la trace des blessures reçues depuis, — par la cathédrale de Soissons, par exemple, — le texte ne fait aucune allusion aux catastrophes qui viennent de mettre à mal tant des plus illustres cliens du « service, » — ou de la clinique, — ceux-là même auxquels il conviendra d’appliquer demain, dans quelle mesure et pour quelles fins ? les méthodes dont, après un siècle de controverses, la commission des monumens historiques, les inspecteurs généraux et les architectes en chef ont, sous la direction de M. Paul Léon, l’initiative, le contrôle et la responsabilité. De tout temps, l’opinion publique, plus ou moins bien informée, est intervenue, souvent avec passion et violence, dans la discussion et l’appréciation des travaux ainsi exécutés. Aujourd’hui plus que jamais, elle est avertie, attentive, exigeante. Elle trouvera dans la lecture du remarquable exposé de M. Léon tous les élémens d’information et le moyen de se rendre équitablement compte de la complexité des problèmes que pose la moindre intervention, — médicale ou chirurgicale, — dans le traitement d’un vieux monument, malade ou blessé.


Sous l’ancien régime, — encore que les exemples y soient plus fréquens qu’on ne croit de la survivance ou de l’imitation des styles du moyen âge, aux XVIIe et XVIIIe siècles, par les vieilles corporations provinciales de maçons (M. Brutails pour la Gascogne, M. G. Durand pour la Picardie nous en ont révélé un grand nombre), — la règle générale était que les générations nouvelles, quand elles intervenaient, pour le réparer, l’agrandir, le remanier ou « l’embellir, » dans la vie d’un vieux monument, le faisaient sans aucun souci de respecter, comme nous disons, le « style » des époques antérieures. Chaque siècle, créateur à son tour, le marquait de son empreinte, le transformait selon le goût régnant. Louis XIV, en accomplissant à Notre-Dame de Paris le vœu de Louis XIII, renouvelait