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sous-marins basée sur Cherbourg ; (bâtimens anglais) 4 croiseurs protégés.

Passant à l’exécution de ce nouveau schéma, l’amiral Rouyer renvoyait à Cherbourg le Dunois ainsi que la première escadrille de sous-marins (la seconde restant dans le Pas de Calais), et les première et troisième escadrilles de torpilleurs (la deuxième devant le suivre). Il était peu après averti que l’amiral anglais Wemyss le rallierait le lendemain mercredi 5 août, par 49°40’ de latitude Nord et 6°32’ de longitude Ouest de Paris, au beau milieu de la Manche occidentale, avec Charybdis, Diana, Eclipse et Talbot, vieux croiseurs dont les trois premiers avaient 5 750 tonnes, 21 nœuds de vitesse et XI pièces de 152, le Charybdis un peu plus faible. Lui-même quittait le Pas de Calais à cinq heures du soir le 4, laissant le commandement supérieur de nos escadrilles au capitaine de frégate Saillard (sur le Simoun). Il se trouvait au rendez-vous convenu le lendemain matin, et pouvait télégraphier dès quatre heures de l’après-midi que le dispositif anglo-français était réalisé.


En ce qui concernait la Manche occidentale, il s’agissait de parer à toute attaque de croiseurs ennemis, ceux tenant encore la mer comme ceux qui auraient pu venir d’Allemagne en faisant le tour par le Nord de l’Ecosse, de visiter et de capturer éventuellement les navires de commerce arrivant de l’Atlantique, et enfin de protéger les transports de troupes qui allaient commencer. Pour remplir ce triple objectif, une croisière fut organisée dans des parages que les coups de vent de suroît l’hiver, les brumes l’été, et les courans en toute saison, rangent parmi les plus mauvais qui soient au monde, et dont les innombrables écueils, aux noms sinistrement évocateurs, offrent encore plus de dangers que les bancs de sable semés à profusion le long des rivages du Pas de Calais.

Sous le commandement supérieur de l’amiral Le Cannelier, nos six croiseurs Gloire, Gueydon, Dupetit-Thouars, Desaix, Kléber, D’Estrées (les trois derniers armés depuis la mobilisation) et les quatre anglais, prirent une garde qui devait se prolonger jusqu’au mois d’avril. Jour après jour, nuit après nuit, sans trêve ni relâche autre que pour aller charbonner à Brest, ils sillonnèrent les flots verts ou bleus, calmes ou démontés, de ce