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irons à Notre-Dame ; sinon, j’assisterai à l’aller et au retour.

« On dit que, dans le Piémont, on a volé le fourgon du Pape, qui contenait des choses très précieuses pour l’Empereur, l’Impératrice et la famille. Je te donne autant de nouvelles qu’il est possible. J’ai mon habit de cour tout prêt à mettre, fait par Mme Germond et qui va à merveille, mais cette queue de velours de deux aunes trois quarts de long est d’une pesanteur terrible. Cela force à se tenir droit. Ainsi, le jour du Couronnement, tu me vois habillée et coiffée avec mes coquilles blanches, d’après les conseils de la princesse Caroline. Je fais du collier le bandeau ; dans les bandeaux je trouve un peigne et un collier. Tout cela remis à neuf sera très bien. Je fais faire une seconde queue de satin bleu, brodé en paillettes, fausses bien entendu. Celle-ci sera pour les petits jours. »

Enfin, voici les détails de la cérémonie : « Par mes lettres de la semaine dernière, écrit Mme Saint-Cyr, le 15 frimaire (6 décembre), je te donnais les détails de tout ce que nous avions à faire jusqu’au dimanche, et cela s’effectua comme je te l’avais dit ; mais le dimanche a été pour moi une journée terrible, quoique j’aie été dispensée d’être du cortège parce que Mme Murat obtint, la veille au soir, de l’Empereur la nomination de Mme Saint-Martin, et elle commença tout de suite son service, qui durera jusqu’à samedi soir prochain. Enfin, pour en revenir à moi, il faut te dire que nous devions être spectatrices. Il fallut être rendue à la tribune qui nous était destinée à huit heures du matin. Il faisait un froid excessif. Je me levai à cinq heures ; je me fis coiffer à cinq heures et demie. Je ne me mis point en costume, parce que c’était très inutile. Nous fûmes donc à Notre-Dame à huit heures, Mme de Lagrange et moi. Nous y sommes restées jusqu’à la fin de la cérémonie, qui a duré jusqu’à trois heures et demie. Tout a été superbe ; mais je n’ai pas une plume assez exercée pour te donner tous les détails du Couronnement, et je te renvoie à la lecture des journaux, qui sont très exacts pour le cérémonial. Je ne fus rendue chez moi qu’à cinq heures. Je n’avais rien pris de la journée, et j’étais si gelée et si fatiguée que je n’eus pas le courage de sortir le soir pour voir les illuminations. Le lundi a été tout entier au peuple. Le mardi, il y a eu repos. Hier, on est allé dans le même ordre au Champ de Mars, pour distribuer les aigles et recevoir le serment des troupes ; je n’y ai pas été. On