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noblesse. Il se préparait, avant la Révolution, à succéder à son oncle, lieutenant général au bailliage de Soissons. A l’appel de la patrie, il s’engagea dans le 1er bataillon des volontaires de, l’Aisne, fut élu capitaine, passa dans les états-majors et était adjudant général lorsqu’il eut mission d’apporter à la Convention les drapeaux de la garnison autrichienne de Luxembourg. Envoyé en Italie au mois de frimaire an VII (novembre 1798) pour mener des renforts à Scherer, il fut promu général de brigade sur le champ de bataille le 6 germinal (30 mars 1799). Après un court séjour en France motivé par une blessure reçue à la bataille de Novi, il revint à Milan, après Marengo, comme chef d’état-major de Brune d’abord, puis de Moncey. Il resta avec Murat dont il avait mérité la confiance, comme celle de ses prédécesseurs, par une régularité, un ordre et une intelligence remarquables. De plus homme de bonne compagnie et agréable de sa personne. Caroline, qui souhaitait être entourée de femmes françaises, désirait qu’il se mariât et elle s’en occupa. « Je suis fâché, écrivait le général à son beau-frère le 3 brumaire an XI (25 octobre 1802), que vous n’ayez point fait la connaissance du général Murat comme vous en aviez l’occasion. Il vous aurait sûrement bien accueilli. Il me comble de considération et de fortune. Il songe aussi à me faire faire un mariage très brillant : mais sur ce dernier sujet, je suis sans inquiétude. Avec la place et la fortune que j’ai, on trouve toujours à se bien marier. » Mme Murat avait pensé d’abord à une nièce de Decrès, le ministre de la Marine ; puis à la fille de Barbé-Marbois le ministre du Trésor, — celle qui épousa le fils aîné du consul Lebrun. Mais « Charpentier n’ayant pu faire le voyage de Paris, cette proposition n’a pas eu de suite. » Aussi bien, « plus le moment du mariage approche, écrivait-il, moins je désire me marier, et si l’on pouvait toujours rester garçon, je l’aimerais mieux, » Mais sa mère et tout le monde conspiraient pour ses noces. Sa mère et son beau-frère vinrent à Paris pour voir la jeune Constance. Ils chantèrent comme de juste sa grâce et ses vertus. Elle eût commencé, au gré de son père, à monter en graine, car elle allait sur ses seize ans. Les préliminaires furent brefs ; en ce temps-là, on vivait double, — comme en campagne. Murat et Caroline, qui n’avaient pu assister au mariage, prétendirent mettre dans la corbeille un présent peu banal, une étoile. « J’apprends, écrit Murat au Premier Consul le 4 floréal