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parce que tu sais que je n’ai de pensée que pour toi et de bonheur que par toi. J’ai été à même de remarquer d’une manière non équivoque que le général et Mme Murat n’ont pas vu avec plaisir que Charpentier se fût prononcé (dans la circonstance du couronnement) d’une manière aussi formelle pour rester en Italie. Elle s’en est expliquée avec moi sans détours et le maréchal en a fait de même avec Saint-Cyr. Ils ont pensé qu’il sacrifiait trop à ses intérêts personnels et pas assez à son dévouement pour l’Empereur et son gouvernement. Tu crois bien que nous avons répondu et fait valoir ses raisons comme Charpentier l’aurait fait à notre place. Cependant, nous eussions désiré qu’il eût montré, comme presque tous les autres généraux, le désir de se trouver à la cérémonie du Sacre. Cet acte d’empressement aurait produit le meilleur effet, le refus n’aurait rien changé à sa position et, dans le cas contraire, sa présence momentanée à Paris n’aurait pu qu’être avantageuse à ses intérêts.

« Saint-Cyr n’a toujours point de destination, mais tout prouve qu’il est vu de l’Empereur avec bienveillance. »

Nul n’est dévoué à l’Empereur comme le maréchal Murat, si ce n’est la princesse, et l’on voit comme ils comprennent dans leur inspection des généraux qui ne sont même pas du gouvernement de Paris. La domination ne s’étend pas seulement sur la dame pour accompagner, mais sur sa fille, le mari de sa fille et l’on en verra bien d’autres exemples. « Tu vas te plaindre de mon silence, ma bien chère et bien aimée Constance, écrit Mme Saint-Cyr le 7 brumaire (29 octobre), mais tu jugeras qu’ayant été de service toute la semaine dernière, je n’ai pas de moment à disposer en ta faveur. Enfin, Mme Adélaïde Lagrange a pris ma place hier et me voilà libre pour huit jours. Le service consiste à être rendue chez la princesse entre midi et midi et demi. Il faut recevoir les visites jusqu’à quatre heures et demie. Ensuite, je viens faire ma toilette du soir. J’y retourne le soir pour rester ou accompagner la princesse si elle sort. Voilà nos occupations de tous les jours ; je te laisse à en juger.

« J’ai vu chez Mme Murat, Mme Olivier[1]qui y a été

  1. Marie-Anne Lambert épouse en 1789 Jean-Jacques Olivier, général de division du 22 mai 1799, mort en 1813. La fille ai née du général Olivier épousa le fils du général comte du Hugeudorp, aide de camp de l’Empereur et Légataire.