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de Mme Murat. Elle est toute bonne pour moi et d’une honnêteté parfaite. Le maréchal aussi et jusqu’à Mme de Rocquemont qui, entre nous soit dit, n’était pas d’abord très prévenue en ma faveur, je l’ai forcée à en venir là, et nous sommes très bien ensemble maintenant.

« J’ai vu avant-hier Mme Lambert qui vint voir Mme Murat. Elle me sauta au col et me demanda de tes nouvelles avec beaucoup d’empressement. Elle est charmante, elle a un très bon maintien, parle avec facilité et se conduit à merveille. Elle a grandi et pâli ; ses traits ont bien grossi, mais au total, c’est une femme très agréable. J’ai déjà vu aussi assez souvent Mme de Souza, autrefois Mme de Flahaut[1]. Tu sais qu’elle est auteur d’Adèle de Sénanges, Charles et Marie, etc. C’est une femme aimable dans toute l’étendue du terme. Il est rare qu’une femme auteur soit goûtée en société, eh bien ! elle se met à la portée de son auditoire et, avec des petits riens, vous fait passer des heures comme des minutes. »

Et le lendemain elle écrit : « Hier au soir sont arrivées Mme et Mlle de Lagrange[2]. Je présume qu’elles vont passer quelques jours. Cela fait que je pourrai sans inconvénient revoir mon chez moi de Maisons que j’ai quitté depuis onze jours. »

Un temps se passe sans que Constance donne de ses nouvelles. Mme Saint-Cyr est bien inquiète. Le 27 (14 septembre), rassurée enfin, elle écrit de Maisons : « Tu as dû t’apercevoir par les différens lieux d’où j’ai daté mes lettres que depuis plus d’un mois je ne suis fixée nulle part. Je n’ai cessé tout ce temps d’aller de Maisons à Paris, de Paris à Neuilly, et toujours comme cela. J’étais ambulante. Depuis deux jours je suis ici et, ayant pris congé pour quelque temps, je vais me remettre, soit dit entre nous, de la contrainte que j’ai éprouvée. D’ailleurs, je vais avoir la famille de Saint-Cyr…

  1. Adélaïde-Marie-Emilie Filleul, mariée d’abord à Charles-François de Flahaut, comte de la Billarderie, décapité en 1793, puis, en 1802, à Jose-Maria, comte de Souza-Bothello.
  2. Il s’agit ici d’Angélique-Adélaïde Méliand, femme du marquis de la Grange, lieutenant-général en 1784 et de la dernière de ses filles : Adélaïde-Françoise, née à Paris, le 21 mai 1774, mariée le 3 février 1810 à Jean-Louis Mathevon, baron de Curnieu. Il ne saurait en effet être question de sa sœur aînée mariée en 1793 à M. de Cambis, ni des enfans de sa belle-sœur, née Hall, épouse en premières noces de Suleau : il est à remarquer qu’une fille de celle-ci, ayant épousé en premières noces Robert de Lignerac, duc de Caylus, se remaria à L.-J. Carra de Saint-Cyr, comte de Rochemure, fils adoptif du général de Saint-Cyr,