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de l’autre, les « neutralistes impénitens, » les « faiseurs de combinaisons, » les a fatigués, » marchaient à leur pas, qui est plus discret et plus lent, derrière les socialistes. Ils formaient le groupe dit des 45, bien qu’il n’eût d’abord, par le retrait de la signature de M. Sandrini, que 44 membres, puis 47 par trois nouvelles recrues, et qu’enfin il se vantât de dépasser la soixantaine. Groupe mixte, ondoyant et divers, surnommé, du nom d’un de ses fondateurs, par un jeu de mots trop tentant : groupe Speranza; mais à base giolittienne, avec le propre gendre de M. Giolitti, M. Chiaraviglio. La rentrée se faisant dans ces dispositions, le ministère Boselline pouvait esquiver l’attaque. Une apostrophe de M. Bissolati au député Grosso-Campana, à tort ou à raison soupçonné d’avoir mis la main dans les troubles, la déclaration simple et nette que, le cas échéant, il l’aurait fait fusiller, déclaration reprise à son compte par M. Orlando, contre toutes les données de sa psychologie, mais aux applaudissemens des trois quarts de la Chambre, a condensé et précipité le débat. Deux grands discours, sur des sujets et des tons différens, mais d’une même inspiration et dans une même direction, ont été prononces, avec un succès inégal, par M. Canepa et M. Nitti. Quelle que soit la solution, il est clair que l’Italie ne veut avoir, ne peut avoir «t ne supportera qu’un gouvernement pour la guerre et non un gouvernement pour la paix, un gouvernement renforcé et guéri de sa fiacckezza, seul reproche qu’on ait pu faire à celui de l’excellent et éminent M. Boselli.

Étant entrée dans la guerre comme elle y est entrée, ayant rompu ses anciennes alliances pour se rejeter où l’appelaient impérieusement son passé, son avenir, ses traditions, son idéal, son génie, il est impossible à l’Italie, plus qu’à n’importe quelle Puissance, de sortir de la guerre autrement que par la victoire, car, autrement, c’est elle qui ferait la pire chute et connaîtrait le pire destin. Qui sera-ce ? M. Boselli survivant, M. Nitti, triomphateur d’hier, M. Orlando réhabilité ? Tant que M. Sonnino restera, ce sera M. Sonnino. On peut juger maintenant de la faute commise en ne soutenant pas suffisamment le ministère Salandra. La perpétuité de M. Sonnino à la Consulta en a atténué les conséquences. Pourvu qu’il y demeure, il est secondaire qu’il soit ou ne soit pas président du Conseil, et s’il ne l’est pas, peu importe qui le sera. Parmi les hommes politiques de son pays, M. Sonnino a toujours fait, et il ferait, parmi les hommes politiques de tout pays, une figure originale. Il n’a jamais désiré d’être à une place, n’a jamais accepté que d’être à sa place. Lui aux