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Caire deux corps d’armée à trois divisions qui, à leur grande joie, partirent pour la France. Et Marseille vit, durant plusieurs semaines, se déverser sur ses quais un torrent d’hommes vêtus de kaki verdâtre et coiffés d’un feutre cavalièrement retroussé. Le 1er  corps était commandé par le général Birdwood ; le 2e par le général Godley. Les Néo-Zélandais s’entraînèrent encore quelque peu à l’arrière ; puis, ils furent affectés au secteur d’Armentières, où la hardiesse de leurs raids devait bientôt leur faire, auprès des Allemands, une redoutable célébrité.


SUR LE FRONT FRANÇAIS

C’est le 15 septembre 1916, entre la Somme et l’Ancre, que nos alliés du Pacifique livrèrent leur premier combat important sur le front occidental. Depuis quelque temps déjà, la division néo-zélandaise était arrivée en France ; la bataille de Picardie, commencée le 1er juillet 1916, avait amené, vers le 14 septembre, les Anglais à portée d’assaut des principales lignes ennemies. Le moment était venu de frapper un grand coup, en liaison avec les armées françaises des généraux Fayolle et Micheler.

Les IVe et Ve armées britanniques, commandées par sir Hubert Gough et sir Henry Rawlinson, avaient pour objectifs les positions adverses, établies sur la crête de Thiepval à Combles, et jalonnées par des lieux désormais illustres : la ferme du Mouquet, Martinpuich, les bois des Foureaux et des Bouleaux. La tâche spéciale des Anzacs était de déborder par l’Ouest le village de Flers. L’attaque, préparée avec un soin minutieux, fut fixée au 15 septembre.

On comptait beaucoup, pour le succès de la journée, sur un engin nouveau dont la préparation avait été tenue secrète et qui est aujourd’hui fameux : le tank, portant officiellement le nom de « cuirassé de terre de Sa Majesté » (H.-M. Land-Ships). Deux d’entre eux, surnommés « Crème de Menthe » et « Cordon Rouge, » devaient appuyer les Anzacs.


À l’aube du 15 septembre, plus de 1 200 canons britanniques ouvrirent, soudain, un terrible feu en rafale, qui se prolongea jusqu’à 6 heures 20. À cette minute précise, l’armée anglaise