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solide organisation militaire. Elles y avaient réussi, et c’est lord Kitchener qui, bien avant la guerre actuelle, reconnaissait la valeur de l’armée néo-zélandaise, et proclamait la haute qualité de ses élémens. Le mois d’août 1914 trouva donc le pays dans un état de préparation à la guerre qu’eussent pu lui envier tous les autres dominions, y compris le Canada lui-même.

Dès qu’elle apprit que le gouvernement de Londres s’engageait avec la Russie, la France et la Belgique contre les pays germaniques, la Nouvelle-Zélande donna un splendide exemple d’union sacrée. Avant l’heure fatale, le 31 juillet 1914, lorsque M. Massey, premier ministre, annonçait à la tribune de la Chambre des représentans qu’il venait d’offrir à la métropole de lui envoyer un corps expéditionnaire, d’un même mouvement tous les députés se levèrent et entonnèrent l’hymne national. L’opposition, par la bouche de son leader, sir Joseph Ward, affirma son loyalisme : elle soutiendrait de tout son pouvoir le gouvernement dans sa difficile tâche. Lorsque, le 5 août, la guerre fut déclarée, une manifestation spontanée de la foule rassembla dix mille personnes pour acclamer la mère patrie.

Sans qu’aucun appel eût encore été adressé à la population, d’eux-mêmes les hommes s’offraient en masse. Dans la seule ville d’Auckland, — la vieille cité entourée du prestigieux décor de ses soixante-dix pics rangés comme une garde d’honneur, — il y avait mille engagés quelques heures après l’annonce officielle de l’intervention britannique. Dès le 20 août, les six mille hommes promis à la métropole étaient rangés l’arme au pied avec un équipement parfait. Cependant, d’autres effectifs, déjà, attaquaient les îles allemandes du Pacifique[1]. L’enthousiasme gagna la population tout entière et les Maoris eux-mêmes, antiques maîtres des îles et anciens adversaires des Anglais, réclamèrent leur place dans l’armée. La tribu des Ngaputis, notamment, à l’instigation de son chef Kawiti, se montra d’une particulière ardeur, tirant argument auprès des autorités de ce qu’on permettait bien aux Hindous de s’engager. Aussi dut-on former un premier groupe de cinq cents Maoris.

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1915.