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Conférence de la paix, la politique des gages. Par conséquent, elle ne rend rien, et ne lâchera rien pour rien. » Mais qu’est-ce que tout ce bruit, et que parle-t-on de « note verbale ? » Ignore-t-on les finesses du style diplomatique et que la « note verbale » se reconnaît justement à ce qu’elle est « écrite ? » Il n’y a point de trace d’aucun écrit envoyé dans les formes au Vatican, en dehors de la réponse signée du Chancelier de l’Empire. Soit; ne chicanons pas sur la nature de la pièce. Mais il n’y a pas de « pièce. » Soit : il y aura eu une « communication, » une « conversation, » peut-être avec « aide-mémoire, » lorsque M. de Kühlmann, étant allé, pour d’autres affaires, à Munich, y a, par hasard, rencontré le Nonce du Pape! Point d’« aide-mémoire : » la diplomatie de l’Allemagne, comme ses flottilles, a pour règle de ne pas laisser de traces. Soit; à tout le moins, il y a eu ce qu’on appelle un « ballon d’essai; » il partait mal, on l’a crevé; pourtant, il a été lancé. C’est le fait significatif, le seul fait à retenir, que ce ballon ait été lancé, et non qu’il n’ait pas fait merveille dans l’air.

Le Chancelier, M. Michaëlis, et le secrétaire d’État aux Affaires étrangères, M. de Kühlmann, ont comparu devant la Commission principale du Reichstag. On avait remarqué qu’en inaugurant la session, le président de l’Assemblée, M. Kaempf, s’était borné à maudire une fois de plus l’Angleterre et n’avait soufflé mot ni de la paix, ni de la Belgique, ni de la réponse à la Note pontificale. MM. Michaëlis et de Kûhlmann ont réservé pour la Commission leurs confidences, qui, telles qu’elles nous sont parvenues, seraient restées vagues et générales. M. de Kühlmann, esprit plus souple, plus délié que M. Michaëlis, a été aussi plus prolixe. « Qu’il existe ou ait existé une note de l’Allemagne sur la Belgique ? C’est une des inventions les plus impudentes que j’aie connues dans toute ma carrière politique. L’invention est vraisemblablement d’origine française. » (Mais l’origine, nous venons de la montrer dans la Neue Badische Zeitung, qui n’est certes pas française, et dont une des portes s’ouvre sur les bureaux de la Wilhelmstrasse.) Sur quoi, une chiquenaude à M. Asquith; une flatterie superfine au Pape, « qui s’est senti particulièrement appelé à intervenir comme médiateur ; » le salut militaire à Hindenburg et à ses généraux, « les défenseurs de l’Allemagne après Dieu ; » l’affirmation que tout l’Empire, gouvernement, armée, parlement et peuple, est uni dans un seul sentiment, l’amour « pour la grandeur et le développement de l’Allemagne ; » l’assurance que « l’Europe peut vivre avec l’Allemagne au milieu d’elle et que l’Europe, ayant en son sein une puissante Allemagne, est devenue plus puissante et plus