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Nous avons eu, l’autre quinzaine, sa réponse et celle de l’Autriche-Hongrie à la Note pontificale. Si nous n’en avons dit qu’un mot, et si nous l’avons dit légèrement, c’est qu’il n’y avait pas d’autre mot à en dire sur un autre ton. Quand l’Allemagne impériale, l’Allemagne de 1870 et du 2 août 1914, l’Allemagne de la dépêche d’Ems et du « chiffon de papier, » l’Allemagne de Bismarck et de Bethmann-Hollweg, l’Allemagne de Louvain et de Reims, l’Allemagne des zeppelins et des sous-marins, se tourne vers le Saint-Père et pérore avec componction sur les fondemens de la paix, le droit, la justice, la sécurité du travail, la liberté des mers, le respect des conventions, le culte de l’équité, la pratique de l’arbitrage, le désarmement proportionnel, en bons Français qui ne peuvent perdre absolument le don de sourire jusque dans les larmes, nous ne sommes frappés que de son hypocrisie, et nous ne pouvons nous empêcher d’avertir que ce pécheur seul doit être écouté dont le repentir est sincère, nec est in spiritu ejus dolus. Mais que voilà, sur les chemins de Rome, déguisés en membres de la Conférence et de la Cour internationale de la Haye, d’étranges pèlerins! Le roi de Bavière s’était tout de suite joint à l’Empereur, et on lui en avait prêté mille motifs, dont un seul suffit : il s’est jugé plus catholique. Ferdinand de Bulgarie, qui, au milieu de ses variations, ne sait plus très bien s’il est de l’Église grecque ou de l’Église romaine, n’a guère tardé à rattraper le groupe. Ce serait mal connaître ses pareils que de croire qu’il n’abonderait pas en protestations d’honnêteté. Il nous manquait encore la réponse ottomane : nous l’avons eue, et rien ne nous manque plus. Mais le Souverain-Pontife, dans sa Note, ne s’inquiétait pas uniquement de l’avenir du droit international; il interrogeait les puissances, explicitement ou implicitement, sur le sort immédiat et futur des terres captives ou martyres, de la Belgique d’abord, de la Pologne, de l’Alsace-Lorraine, et d’autres auxquelles il a pensé sans les nommer. A sa sollicitude, qui, en ce point, sur tous ces points, avait un objet aussi positif, qu’ont donc répondu les prétendues réponses, allemande, austro-hongroise, bulgare et turque ?

Y a-t-il eu, ou non, un acte complémentaire, une addition à la réponse solennelle, des articles secrets à ce document public ? On a tout fait, une semaine durant, pour nous persuader qu’il y en avait ; tout fait ensuite pour nous convaincre qu’il n’y en a pas. Lorsque le monde s’est récrié devant le vide grandiloquent et patelin de la réponse allemande, on nous a dit : « Patience ! vous ne savez peut-être pas tout. » D’un bout à l’autre de la presse d’outre-Rhin s’est