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Etats, le contrôle décisif sur leurs progrès futurs. On verrait aussitôt s’instituer « le plus pesant, le plus odieux, le plus dégradant des servages, » comme l’a judicieusement dit à la Chambre, le 7 juillet, M. Painlevé, qui n’était encore que ministre de la Guerre, et qui ajoutait en termes excellens : « Il n’y aurait plus une heure dans l’avenir où le paysan français sur son champ, où l’ouvrier français dans son atelier ne travailleraient, suivant la vieille expression, pour le roi de Prusse. »


V

Le président Wilson a senti le danger.

Dans le même appel à la nation russe, dont une phrase sert d’épigraphe à ces pages, il s’exprime ainsi :

« Naturellement, le gouvernement impérial allemand et ceux dont il se sert pour ses fins cherchent à obtenir la promesse que la guerre s’achève selon la situation ante bellum, mais c’est justement de cette situation qu’est sortie la guerre inique, et grâce à elle que la puissance du gouvernement allemand s’est développée à travers l’Allemagne et que sa domination s’est étendue également à l’extérieur. Cette situation doit être modifiée de façon telle que la guerre hideuse ne se renouvelle pas. »

Et plus loin encore :

« L’heure est arrivée où il faut ou conquérir ou se soumettre. Si les forces de l’autocratie réussissent à nous diviser, elles nous domineront. Si nous demeurons solidement unis, la victoire est certaine, ainsi que la liberté qu’elle nous apportera. Nous pourrons alors nous permettre d’être généreux, mais ne soyons jamais faibles, ni maintenant, ni plus tard, et n’omettons aucune des garanties nécessaires à la justice et à la paix du monde. »

Des garanties, certes, M. Wilson n’a point encore spécifié lesquelles, ou plutôt il n’a parlé qu’en termes généraux d’une « Société des Nations, » dont le nom, sinon les statuts et les sanctions, traîne maintenant un peu partout, voire, si l’on y regarde de près, dans la résolution du Reichstag du 19 juillet et dans la note du Vatican en août. Garanties et sanctions, c’est tout comme. On peut s’assurer que le génie