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ne peuvent déceler les méthodes précédentes ; les débris de vêtemens sont dans ce cas, et c’est pourquoi l’art du chirurgien doit toujours compléter de quelque manière les indications exactes, mais partielles que, par les méthodes précédentes, lui apporte la science.

Le projectile extrait, je n’entrerai point dans les détails depuis longtemps classiques du traitement purement chirurgical de la plaie, dans ce qui concerne notamment l’emploi des drains et les résections jugées nécessaires.

Ces actes chirurgicaux, usuels, doivent être nécessairement accomplis par le praticien, quel que soit le mode de pansement et de désinfection adopté. Une chose pourtant est à remarquer : c’est que dans les plaies de guerre les débridemens devront toujours être très larges, car les lésions profondes sont généralement toujours plus étendues qu’on ne l’aurait supposé a priori. Aussi quand une hésitation pourrait subsister sur la nécessité d’une intervention opératoire, il faut intervenir : dans le doute ne t’abstiens pas !

Une méthode qui a donné de bons résultats, notamment entre les mains de Gaudier, mais qui doit être minutieusement surveillée sous peine de terribles dangers, consiste dans l’excision précoce et totale, quand elle est possible, de tous les tissus lésés qui sont enlevés comme une tumeur. Cette excision, suivie de suture primitive de la lésion, amène quand elle réussit une guérison très rapide. Mais elle n’est applicable que peu après la blessure, avant que celle-ci ne soit infectée, c’est-à-dire avant la sixième heure et en tout cas avant la vingt-quatrième. L’état de dépression et de shock (c’est ainsi qu’on dit à la Faculté) des blessés dans les premières heures est par ailleurs quelquefois une contre-indication à ces larges interventions précoces.

L’acte opératoire essentiel est accompli. Comment allons-nous panser, désinfecter, guérir les plaies ? Comment allons-nous favoriser les réactions de défense, contrebattre les processus infectieux dont nous avons examiné l’évolution microbiologique ? Un certain nombre de méthodes nouvelles se disputent sur ce terrain la prééminence.

Il y a d’abord le raisonnement de ceux qui disent : « Il n’y pas de raison de panser autrement les plaies de guerre que celles de la chirurgie civile. » — C’est là une affirmation peut-être hardie. Sans doute lorsqu’une plaie est largement ouverte, drainée, débarrassée de tous corps étrangers, lorsque aussi elle peut être pansée à plat, la chirurgie purement aseptique est admissible. Mais dans combien de cas cette