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ment, à la première désinfection d’une plaie qu’est lié le sort du blessé. Il est essentiel que cette opération soit précoce, mais par la force des choses elle ne pourra en général être accomplie que sommairement au poste de secours. C’est plus loin, à l’ambulance ou à l’hôpital de l’avant, que l’acte chirurgical essentiel sera accompli.

Là on incisera, on débridera les bords de la plaie qui sera nettoyée à fond. On extraira dans la mesure du possible les projectiles.

Cette extraction, qui constitue la phase préliminaire de presque toutes les opérations chirurgicales de guerre, est aujourd’hui réalisée dans la plupart des formations, même au voisinage du front, par des procédés empruntés à la physique, et si ingénieux que je demande la permission d’en dire quelques mots.

J’ai déjà montré qu’on pouvait assimiler la plaie de guerre à un champ de bataille, et que les combats que s’y livrent les germes pathogènes et les leucocytes sont très analogues à ceux des humains… qui, du point de vue de Sirius, sont aussi des microbes. Si on considère d’un autre point de vue cette analogie, on verra que le chirurgien de guerre se trouve en présence de problèmes analogues à ceux d’un chef de secteur de combat.

De même, en effet, que le premier problème de la tactique est, je l’ai montré cent fois, de repérer les positions de l’ennemi, ses batteries, ses mitrailleuses, ce qui est la condition nécessaire pour les anéantir, de même le premier devoir du chirurgien est de repérer dans la chair du blessé la position des projectiles et des débris qu’il en doit extraire, s’il veut supprimer les causes, les véhicules de l’infection.

L’extraction du projectile est nécessaire pour d’autres raisons encore : même supporté au début, il peut à tout moment, sous l’influence de causes multiples, provoquer des accidens sérieux, jusqu’à une époque très éloignée de la blessure, et alors que celle-ci est guérie depuis longtemps. Lorsque le projectile a traversé l’organisme de part en part en creusant un séton, le problème est tout résolu. Mais le plus souvent, en particulier avec les éclats d’obus, le projectile reste inclus dans les tissus, et on constate une « plaie borgne. »

Quelquefois, et surtout quand la blessure est très récente, on peut, en la sondant, suivre le trajet du projectile et la sonde aidée d’une dissection attentive permet de parvenir au corps du débit et de l’enlever. Mais généralement, la plaie est très loin d’être rectiligne,