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la protection des forts, et commanderont tout le trafic[1].

Les trains pourront passer du continent sur les lignes anglaises sans aménagement de voies et réciproquement, la largeur des voies ferrées en France et en Angleterre étant presque identique. À l’heure actuelle il circule des milliers de wagons anglais en France.

Le tunnel sera exécuté beaucoup plus rapidement qu’il ne l’eût été autrefois. Il y a quelques années, on estimait la durée totale de la construction à huit ou dix ans, dont trois à quatre pour les travaux préparatoires (fonçage sur la côte, de chaque côté du détroit, de puits de grand diamètre analogues aux puits des houillères et construction de voies d’accès pour l’évacuation des déblais) et six pour l’exécution proprement dite du tunnel. Aujourd’hui, grâce aux machines perforatrices perfectionnées et à l’intervention de l’électricité en tout, grâce aussi à l’installation qui sera faite simultanément des travaux d’approche et des gares d’échange, il est permis d’espérer que l’on sera au terme de l’ouvrage dans un délai d’environ quatre à cinq ans après l’exécution du puits.

Voilà donc le projet actuel que la Compagnie française du Chemin de fer sous-marin entre la France et l’Angleterre demande, avec la Compagnie anglaise, à mettre à exécution.


III. — LE RÔLE DU TUNNEL APRÈS LA GUERRE

C’est en songeant à l’utilité du tunnel pour l’avenir que nous avons insisté sur le rôle considérable qu’il aurait joué pendant la guerre.

Plus que jamais, après les hostilités, pendant la période de reconstitution économique de la France et de l’Angleterre, il aura à exercer sa fonction d’épargneur de main-d’œuvre et de tonnage maritime. Le problème de la main-d’œuvre avec le renchérissement désordonné du prix de la vie s’annonce comme un des grands problèmes de l’avenir, un des plus ardus à résoudre. D’autre part, la crise de la (lotte marchande devient de jour en jour plus aiguë. Sans doute, les innombrables bâtimens de commerce actuellement réquisitionnés seront rendus à la navigation libre, mais dans quel état effroyable d’usure ! Et

  1. Sir Francis Fox, loc. cit.