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a pas fait très rigoureusement obstacle. Mais c’est un fait politique et social. Le scandale de l’affaire Almereyda ne disparait pas avec Almereyda, parce qu’il n’était pas en lui, mais dans ce qui se cachait derrière lui. Cela encore, il faudra que ce soit chose finie. Chose finie et gens finis. Il y a des tutoiemens que la France ne tolérera plus.

Mais ce sont des misères. Ils en ont bien d’autres en Prusse, où ils se plaignent amèrement que leur ministère tout entier manque de prestige. La Hongrie, elle, n’a pas changé seulement quelques-uns de ses ministres, mais son président du Conseil. Le jeune comte Maurice Esterhazy, pour cause ou sous prétexte de maladie, a cédé la place à un vétéran, M. Wekerlé. L’Autriche n’arrive même plus à changer les siens; elle a un ministère, comme si elle n’en avait pas, et personne, pas même M. de Seidler, ne se fait d’illusion là-dessus. En Espagne, la crise a été tout près d’être plus que ministérielle. Nous n’avions eu que trop raison au sujet de l’assemblée de Barcelone, et de la facilité avec laquelle elle se serait séparée, de réserver la suite, et d’écrire, comme on le dit là-bas : Mañana ; dans les choses de la Péninsule, il faut toujours réserver la suite. Mais elle vient de traverser une passe douloureuse, d’où elle a l’air de vouloir heureusement sortir. Et nous nous réjouirions de ce qu’on nous en dit, si tout ce qu’on nous en laisse dire n’était pas minutieusement contrôlé, et si des souvenirs qui ne sont pas très vieux ne remontaient pas, malgré nous, dans notre mémoire.


CHARLES BENOIST.

Le Directeur-Gérant, RENE DOUMIC.