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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les opérations militaires, que le mauvais temps avait interrompues dans les Flandres, ont été reprises. Les actions d’infanterie se succèdent, coupées par de violentes canonnades, et chacune d’elles marque une avance. Les troupes anglaises ont atteint et dépassé Langemarck, qu’elles n’ont plus lâché ni perdu. Nous progressons parallèlement, ou simultanément. D’Ypres à la mer hurle sans cesse une artillerie enragée. Mais le reste de notre front n’est ni silencieux ni calme. Les Anglais, plus bas, ont tenté et réussi un coup de main sur Lens, qu’ils enserrent et enveloppent de faubourg en faubourg, de coron en coron. Vers Saint-Quentin, sur l’Aisne, en Champagne, ce sont les Allemands qui se prodiguent en contre-attaques tout de suite fauchées ou presque aussitôt rejetées. A Verdun, nous achevons magnifiquement l’œuvre des glorieuses journées du 24 octobre et du 15 décembre 1916. La « ville inviolée» respire plus librement, dans sa « couronne de hauteurs, » qui s’élargit jusqu’à Regnéville et jusqu’à Samogneux, y compris la fameuse cote 304, où le Kronprinz s’était accroché. Nous avons tous, après cette gigantesque étreinte d’un an, un poids de moins sur la poitrine. On sent, de notre côté, la pression constante et croissante d’une force sûre de sa supériorité. Cette lenteur même est de la certitude.

En Moldavie, les affaires qui allaient mal ont commencé par aller moins vite, puis elles commencent à aller moins mal. L’armée roumaine sauvée et l’armée russe de Tcherbatcheff guérie faisaient tête opiniâtrement, disputaient les positions pied à pied, ne les cédaient que ligne par ligne. Néanmoins, les Austro-Allemands menaçaient et pointaient de trois des points cardinaux, du Nord, de l’Ouest et du Sud. Le prince Léopold de Bavière, l’archiduc Joseph, Mackensen tâchaient de joindre leurs poignes. Les deux pinces de