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plus, pas plus qu’ils ne pensaient au danger qu’on court à circuler dans les rues de Reims, où ils jouaient sitôt la classe terminée.


Ces écoles répondaient à ce point au désir des familles qu’il fallut y recevoir, non seulement les enfans des réfugiés dans les caves, — pour lesquels elles avaient tout d’abord été créées, — mais encore des élèves du dehors venant même parfois d’assez loin, sans souci du danger. Si bien que l’habitude du péril chez tous et, il faut le dire aussi, une diminution toute relative de l’activité de l’artillerie ennemie, me déterminèrent, à la fin de l’année scolaire 1915, à ouvrir de nouvelles écoles dans les locaux ordinaires qui pouvaient encore être utilisés.

Aussi, l’effectif, qui était le 15 mars 1915 de 622 enfans instruits dans six écoles (dont deux seulement dans les locaux ordinaires) par 12 institutrices et 3 instituteurs, s’élevait, le 19 juillet de la même année, à 1080 élèves, groupés dans 10 écoles comptant 22 classes où enseignaient 16 institutrices et 4 instituteurs.

En mars 1916, 1625 enfans (il y avait même eu, en février, jusqu’à 1 794 inscriptions, chiffre le plus élevé qui ait été atteint pendant la guerre) fréquentaient les 16 écoles ouvertes, comprenant 36 classes confiées à 29 institutrices et 7 instituteurs.

Le 30 juin de la même année, malgré la fermeture temporaire de l’école « Joffre » et le départ de quelques centaines d’évacués volontaires, 1 308 enfans étaient encore inscrits dans les 15 écoles ouvertes, comptant 32 classes avec 5 maîtres et 27 maîtresses.


Lorsque je décidai d’ouvrir les premières écoles de caves, je fis venir le personnel habitant le quartier intéressé. Après avoir, à chaque maître ou maîtresse pris isolément, exposé mon projet et montré l’intérêt qu’il y aurait à soustraire les enfans aux dangers matériels et moraux de la rue, je demandai à chacun de me dire, en toute liberté — car le danger qu’il pouvait courir était grand — si je pouvais compter sur son concours. J’eus le plaisir de constater, et suis heureux de dire,