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charge « l’Œuvre des colonies de vacances, » qui les placera en Suisse.

Vendredi 7 juillet. — L’examen pour le certificat d’études primaires a lieu comme de coutume. 125 candidats sont inscrits et 123 présens. Quelle session ! Il n’y en avait que 35 l’an dernier. Décidément, nos écoles prospèrent.

Samedi 8. — L’examen oral du certificat occupe toute cette journée. Tous les admissibles ont été admis et, en proclamant ces résultats, je qualifie cette promotion de « Promotion de la Victoire, » puisqu’elle a lieu au moment de nos succès sur la Somme.

Mercredi 25 octobre. — Encore un « beau bombardement. » L’arrosage a été général et tel que nous n’en avions pas eu depuis de longs jours, c’est-à-dire depuis près d’un an. Le matin, le communiqué annonçant la reprise de Douaumont avait mis tout le monde en joie ; vers deux heures un quart, se produisent plusieurs sifflemens suivis des éclatemens habituels, tout près du faubourg de Paris. Et cela continue, continue jusqu’à cinq heures. Par prudence, en bas, à l’école, j’avais fait masser les enfans de la Maternelle dans la salle spéciale. A trois heures, je descends voir ce qui se passe et envoie les deux classes primaires s’abriter avec les petits. Ils font beaucoup de bruit, étant très nombreux. Et comme on n’entendrait même pas les éclatemens, une maîtresse se tient dans le préau pour se rendre compte de la direction du tir. Il y a toujours là près de cent soixante élèves : c’est un effectif ! Si jamais un obus tombait sur ces écoles !… Au bout d’une demi-heure, je remonte chez moi. Dans la classe au-dessous, les grandes élèves du cours complémentaire, auxquelles on lit une comédie de Molière, rient à gorge déployée. C’est une façon de ne pas s’apercevoir du danger. Le bombardement continue. Les obus tombent toutes les dix ou douze secondes, à droite, à gauche ou en face de l’école, mais toujours à peu de distance. Je donne des instructions pour qu’on ne renvoie pas les enfans sn, ils, d’ici quelque temps encore ; mais déjà beaucoup de parens sont venus en chercher, malgré le grand danger qu’on court à circuler en ce moment. Et les sifflemens et éclatemens continuent toujours ! Quatre heures un quart, quatre heures et demie, enfin cinq heures moins le quart : il ne reste presque plus d’élèves, et le bombardement parait localisé à