Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 41.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Le martyre de Reims

Les
écoles dans les caves[1]


II

JOURNAL DE L’INSPECTEUR PRIMAIRE (FIN)


1916. 31 janvier. — J’ai accompli un des plus pénibles devoirs de ma fonction. Au son du canon, nous avons assisté aux obsèques de Mme Communal, jeune institutrice, morte prématurément d’une affection qui la minait depuis plusieurs mois. À huit heures du matin, tout le personnel se réunissait à la maison mortuaire, au faubourg de Laon. Le temps était magnifique, un vrai temps pour « taubes » et « fokkers. » Par les rues Anquetil, Saint-Thierry, Mont-d’Arène, le convoi arrive rue des Trois-Fontaines, à la chapelle d’une école privée devenue la toute simple église du quartier, l’église Saint-Thomas étant inutilisable. Le prêtre, un vieux curé de campagne, commence à dire la messe. Pendant tout l’office nous entendions de forts coups de canon et les éclatemens de bombes répondent aux litanies. Ce bruit des instrumens de mort ponctuant cette cérémonie funèbre dont ils troublent le calme religieux, est terriblement impressionnant ! La petite église est bondée d’assistans,

  1. Voyez la Revue du 15 août.