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le Gouvernement. » Que si tout ce tapage avait pour objet final d’obtenir de la fatigue de l’autorité la facilité de se rendre, au sortir d’une conférence préliminaire, à un autre congrès international, où ne seraient pas seulement des socialistes alliés, quand il abandonnerait Stockholm pour Christiania, nous nous retournerions encore vers M. le président du Conseil et nous en appellerions de M. Renaudel à M. Ribot. Les paroles restent.

Il y a des paroles qui méritent de rester. M. Balfour, M. Bonar Law, M. Sonnino, M. Pacbitch, en ont prononcé ces jours-ci. M, Lloyd George, à lui seul, peut en inscrire deux à son compte. « La guerre, a-t-il dit, est une terrible chose, mais pas aussi terrible que le serait une mauvaise paix. » Et encore : « L’Allemagne, qui a manqué son coup, s’arrangerait pour ne pas le manquer une autre fois. Il faut qu’il n’y ait pas d’autre fois. » Une paix juste et réparatrice, une paix solide, une paix durable, une paix moins terrible que cette terrible guerre, et la guerre qu’il faut pour l’assurer, tant qu’il la faudra, parce qu’il nous faut une paix définitive, c’est à cette pensée que le globe est comme suspendu. Toute sa vie se rassemble et s’organise autour de cet axe. Autour de lui, se groupent en un système d’événemens les accidens ou incidens quotidiens dont la terre et les mers s’emplissent jusqu’à en déborder. Même les affaires intérieures de chaque pays, conflits constitutionnels, orages parlementaires, embarras ministériels, empruntent de cette grande et unique affaire un immense surcroît d’importance. Affaires d’Irlande, d’Espagne, de Grèce : l’Occident, le Midi, l’Orient, l’Extrême-Orient. Il nous est arrivé de dire de la Chine qu’elle ne faisait rien comme personne. Nous lui devons amende honorable. Elle vient de faire comme tout le monde (y compris la république noire de Liberia), et de déclarer la guerre à l’Allemagne.


CHARLES BENOIST.


Le Directeur-Gérant,

RENÉ DOUMIC