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résultats de la piraterie allemande, le Premier anglais entretenait de ce sujet, qui est un sujet de tous les jours, les corporations du Guildhall, où il venait de recevoir le titre de citoyen de Londres. La force de sa manière est faite de bien des vertus, mais premièrement de sa sincérité. M. Helfferich n’avait montré que les profits, M. Lloyd George a signalé les pertes. Oui, l’Allemagne a coulé un certain nombre, un trop grand nombre de navires marchands britanniques, mais il lui en a coûté un certain nombre, un nombre encore trop petit, de sous-marins. Oui, l’Angleterre, pour combler le vide et réparer le dommage, a bâti un certain nombre, un nombre encore trop petit de navires neufs, mais elle en bâtira, en achètera, en lancera un plus grand nombre. Le tonnage envoyé par le fond s’élève à un chiffre considérable, et M. Lloyd George n’en ôte ni n’en efface rien. L’abstention partielle des neutres terrorisés ajoute, par surcroît, au péril. Les navires qui ne naviguent pas sont momentanément perdus, comme les navires coulés. Le remède, dans ces conditions, consiste à mieux garantir ce qu’on a, et à produire ou trouver ce qu’on n’a pas. Des bateaux, des bateaux, et toujours des bateaux ! La question est de savoir si l’Angleterre construira plus et plus vite que l’Allemagne ne détruira, ou si l’Allemagne pourra détruire plus que l’Angleterre ne pourra construire. C’est un combat et c’est une course. L’Angleterre peut souffrir dans ce combat, mais elle doit gagner la course. Le sous-marin qui l’affaniera n’est pas encore immergé. Et les victoires peu glorieuses que M. Helfferich énumère ne nourrissent que l’orgueil allemand. Elles excitent l’Allemagne à ne pas mourir, mais ne lui rapportent pas de quoi vivre.

Ce qu’elles lui ont pour l’instant rapporté de plus clair, c’est le mépris universel, la haine, déclarée ou contenue, de tous les faibles opprimés, des ruptures diplomatiques et des déclarations de guerre. L’exemple des États-Unis a fructifié. Pendant que Washington fête la mission anglaise en la personne de M. A. J. Balfour, et la mission française, dans les personnes du maréchal Joffre, de M. Viviani, de l’amiral Chocheprat et se plaît à reconnaître en M. le marquis de Chambrun l’ombre vivante de La Fayette, en attendant que débarque la mission italienne conduite par le duc d’Udine et qu’arrive le général russe envoyé par le gouvernement provisoire, le président Wilson et ses secrétaires d’État dessinent et précisent les formes multiples de leur coopération. Les États-Unis assurent tout de suite à l’Entente leur concours pécuniaire, prévu, dans l’emprunt de trente-cinq milliards récemment ordonné, pour une somme de plusieurs milliards :