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REVUES ÉTRANGÈRES

LA RELIGION DU « DIEU ALLEMAND »


Hourrah et Alléluia ! par le professeur J.-P. Bang, un vol., Copenhague, 1916.


Certes, mes frères, depuis les jours de l’affaire du Maroc, une épreuve bien cruelle nous a été infligée, à nous qui regardons la grandeur et la force de l’Allemagne comme un élément nécessaire du bonheur de l’humanité ! Ne nous a-t-il pas fallu, en ces jours et durant les années suivantes, souffrir que des nations étrangères soupçonnassent notre Kaiser de timidité ? Guillaume le Timide ! Rappelez-vous de quelle façon, après le trop fameux Congrès d’Algésiras, les Français raillaient, les Anglais sifflaient, et les brutes moscovites se frottaient les mains ! Et tout cela parce que, en fait, les circonstances d’alors nous imposaient provisoirement une politique de faiblesse apparente ; tout cela parce que notre flotte n’était pas encore prête, parce que le canal de l’Empereur-Guillaume n’était pas encore achevé, parce que notre Héligoland ne se trouvait pas encore suffisamment fortifié, et puis aussi parce que l’on craignait que toute l’affaire du Maroc ne fut pas une question capable d’émouvoir assez à fond la conscience de notre peuple pour que celui-ci se montrât unanime à approuver le projet d’une guerre !


Mais pour « cruelle » qu’ait été l’ « épreuve » ainsi infligée naguère à l’orgueil du peuple allemand, on peut voir aujourd’hui que cette épreuve n’en avait pas moins une portée providentielle. Elle a contraint l’Allemagne a subir pendant deux ans le dédain des autres nations : mais elle « n’en a pas moins été pour le peuple allemand un acte évident de la grâce divine » en lui permettant d’achever sa préparation de la guerre présente. Ici comme toujours, la faveur expresse du Très-Haut a coïncidé avec la libre expansion de la « puissance allemande : »