Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/785

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

médecin à leur choix. « Si M. Desgenettes, M. Larrey ou M. Percy voulait venir, ne fût-ce que pour sa maladie, ils pourraient être assurés d’avoir pour leur vie un équivalent des sacrifices pécuniaires auxquels leur absence de France les exposerait. »

Il a dû penser que Foureau de Beauregard s’était dérobé lorsque, à son défaut, le cardinal lui a envoyé Antommarchi. Celui-ci, à la fin de janvier, abandonne son malade qu’il sait perdu, mais non pas parce qu’il comprend son impuissance : simplement parce qu’il se déplaît à Sainte-Hélène ; il écrit au lieutenant du gouverneur pour demander à être rapatrié. Nouvelle et grave injure à l’Empereur, qui apprend cette démission par une conversation de Lowe avec Montholon. Mais que faire ? Si « insuffisant » qu’Antommarchi soit pour « le secourir, » il est ou se dit médecin et ce titre suffit pour qu’on fasse effort pour garder celui qui le prend, car il n’est point décent qu’on meure hors de la présence d’un porteur de diplôme d’une Université quelconque.

« Quant au remplacement de Buonavita, il est inutile, ajoute Montholon, si on envoie un homme aussi secondaire que lui, car autant ses soins ont été de peu de valeur, autant ceux d’un homme comme M. Duvoisin, l’ancien évêque de Nantes, seraient désirables. Le choix d’hommes pour remplacer Bertrand et moi serait facile, à mon avis, mais celui d’un ecclésiastique d’un mérite assez supérieur pour bien remplir sa mission me semble bien difficile, car il faut nécessairement un homme de l’Église du Concordat de 1802 et qui, à une forte théologie, joigne des mœurs douces, séduisantes et beaucoup d’esprit. »

Pour autoriser les départs, — même pour désigner les individus, l’Empereur « laisserait le choix au roi de France et à ses ministres ; personne à son avis ne pouvait mieux choisir que le gouvernement français, le ministère actuel étant composé de personnes qui l’avaient presque tous servi dans les mêmes fonctions et qui connaissaient parfaitement son caractère et ses habitudes : Pasquier, Mounier, Ségur, Siméon, Dam, La Tour-Maubourg, Decazes ! » Comme il fallait que les dévouemens se fussent faits rares pour que l’Empereur dût demander au roi de France de désigner un de ses anciens serviteurs pour lui fermer les yeux !

Par une délicatesse suprême, il cherche des excuses à celui