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l’Empereur, éprouvés par six années de malheurs et de persécutions, méritaient de la confiance et quelques égards, seule récompense que j’ambitionne. »


III

Sur quoi, Fesch rompt toute conversation et se renferme dans un silence arrogant. Mais voici qui va changer les choses. Le 10 octobre, Montholon annonce a sa femme qu’elle va recevoir plein pouvoir pour choisir son remplaçant avec l’agrément du Gouvernement anglais et sans consulter la Famille. « Comment admettre, écrit-il, que les individus désignés par le cardinal Fesch et la princesse Pauline puissent être mieux choisis que l’homme qui le sera par toi qui connais toutes ses habitudes, tous ses désirs en ce genre et qui enfin peux te concerter avec des hommes qui ont été quinze ans ses ministres. » Il a lui-même désigné, ajoute Montholon, une douzaine de personnes qu’il verrait ici avec plaisir ; et il fournit une liste où plusieurs noms étonnent : Drouot, Arnault, Carrion-Nisas, Fleury de Chaboulon, soit, mais Holland, Desmarets, l’abbé de Pradt ! C’est de Mme de Montholon seule que l’Empereur attend l’homme qui remplacera Montholon : « Ma famille ne m’envoie que des brutes, dit-il ; je désire qu’elle ne s’en mêle pas. Il est impossible de faire de plus mauvais choix que les cinq personnes qu’elle m’a envoyées. »

Assurément, il souhaiterait quelqu’un dont le nom fût connu, peut-être illustre, qui eût marqué sous son règne, et dont la présence près de son lit de mort attestât le dévouement. Ce n’est plus comme tout à l’heure des hommes du second ordre qu’il envisage, mais des ministres, des grands officiers, des sénateurs : le duc de Rovigo, le comte de Ségur, le comte de Montesquiou, le comte Daru, le général Drouot, le comte de Turenne, le baron Denon, Arnault, etc.

« Il eût préféré avant tous, le général Drouot ; quant à l’autre personne, ce pourrait être un civil, même ayant été ecclésiastique, un ancien conseiller d’Etat, un ancien chambellan, ou un ancien confident, un ami avec lequel il eût été lié intimement lorsqu’il était officier d’artillerie, mais un homme lettré, un homme de talent et de gravité dont il pût faire un compagnon. »

En fait de médecins, MM. Percy, Desgenettes, Larrey, ou un