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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les Allemands ont continué de reculer, et les Anglo-Français n’ont pas cessé de les poursuivre : c’est, sur le front occidental, le fait qui domine et résume toute cette quinzaine. C’est, en effet, le samedi 17 mars, que la retraite allemande se précipite, que l’avance anglo-française se confirme et s’accélère. Le bulletin de ce samedi-là mérite d’être cité; nous n’en avions pas lu un pareil, ni qui ait constaté d’aussi grands résultats, depuis la bataille de la Marne. « Sur tout le front entre Andechy et l’Oise, l’ennemi abandonne les positions puissamment et savamment fortifiées qu’il tenait depuis deux ans. » Voici que sonnent les premiers coups de l’heure de la délivrance et que vont se succéder, pressés, bien des noms chers et glorieux. Nos pointes d’avant-garde pénètrent dans Roye. Les Anglais enlèvent Bapaume, avancent avec rapidité sur les deux rives de la Somme, entrent dans les positions allemandes sur un front de vingt-cinq kilomètres, occupent six villages au Sud de la rivière, sept au Nord, parmi lesquels le Transloy, Achiet-le-Grand, Achiet-le-Petit, si longtemps et si ardemment disputés. Les nôtres, entre l’Avre et l’Oise, « progressent sérieusement; » nous reprenons tout le terrain entre nos anciennes lignes et la route de Roye à Noyon. Le dimanche 18, de l’Avre à l’Aisne, et non plus seulement entre l’Avre et l’Oise, nous avançons toujours, mais maintenant sur un front de plus de soixante kilomètres : en une semaine, la progression est devenue quasi géométrique : cinq kilomètres, puis six, puis vingt, puis vingt-cinq, puis soixante. Notre cavalerie entre dans Nesle, qu’elle trouve désolé. Au Nord-Est de Lassigny, nous piquons dans la direction de Ham, de plus de vingt kilomètres en profondeur. Par la vallée de l’Oise, notre cavalerie et nos détachemens légers se glissent jusqu’à