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guerre a été utile, — commence à se manifester sous l’impérieuse pression des circonstances.

C’est encore l’industrie optique qui va nous servir d’exemples, mais d’autres comme l’industrie chimique le pourraient faire aussi bien.

Dès le début de la guerre, l’importation, considérable naguère, non seulement des divers instrumens d’optique nécessaires à la guerre, » que nous fournissait l’Allemagne, mais aussi celle des masses considérables de verre brut (verre de Bohême, de Thuringe, d’Iéna) qui nous venaient des pays ennemis étant taries, il a fallu développer soudain chez nous cette fabrication. Notre belle Société d’Encouragement pour l’Industrie nationale, habilement secondée par quelques courageux industriels, s’est employée à cette tâche et dès maintenant les efforts réalisés commencent à porter leurs fruits.

Pour la verrerie de laboratoire indispensable à toute l’industrie chimique et qui nous venait pour la plus grande part d’Allemagne, il convenait de réaliser des verres spéciaux doués de propriétés différentes suivant leur destination : verre blanc se travaillant aisément, verres verts et verres durs pour les appareils à combustion, verres peu dilatables pour la thermométrie, verres spéciaux pour rayons X, verres, fusibles, en tubes pour appareils, verres inattaquables pour sérums, verres d’optique divers, etc. A la belle exposition du matériel pour laboratoire qu’a organisée récemment la Société d’Encouragement, nous avons eu la joie de constater que, dans tous ces domaines, nos industriels avaient dès maintenant obtenu des résultats qui nous rendront à bref délai complètement indépendans de l’importation étrangère… et l’Allemagne fournissait avant la guerre environ 70 pour 100 des instrumens en usage dans nos laboratoires.

Dans l’art de fabriquer les appareils de verrerie compliqués et délicats dont ont besoin les laboratoires, tels que les pompes à vide, les appareils à distillation fractionnée, et qui exigent une grande adresse manuelle, nous étions depuis longtemps passés maîtres. Mais il existait toute une catégorie d’appareils courans, vendus en série dans le commerce et pour lesquels nous étions depuis longtemps entièrement tributaires de l’Allemagne : je veux parler des thermomètres, particulièrement des thermomètres médicaux, et aussi des flacons à double enveloppe à vide intermédiaire qui servent à la conservation soit des liquides très froids, soit des alimens chauds (bouteilles thermos, magie, etc.).

Fabriquer ces appareils ne serait qu’un jeu pour nos verriers ; ce