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PAUL LEROY-BEAULIEU

Le samedi 9 décembre 1916, pendant que l’Académie des Sciences morales et politiques tenait sous la coupole sa séance publique annuelle, Paul Leroy-Beaulieu, atteint depuis quelques jours d’une pneumonie grave, succombait avenue Henri-Martin, sans que la plupart de ses confrères connussent sa maladie. Tel est bien le Paris moderne, surtout le Paris de la guerre et d’un hiver sombre. Paul Leroy-Beaulieu appartenait à l’Académie depuis trente-huit ans. Il en était, non seulement le doyen, mais un des membres les plus écoutés et les plus aimés. Aussi, combien fut cruelle l’annonce quasi subite de sa disparition, laissant dans nos rangs et dans nos cœurs un vide irréparable ! Le temps et la réflexion ne feront qu’accroître nos regrets. Ce ne sera donc, certes, pas une consolation que d’évoquer le souvenir de son noble caractère, de ses beaux travaux et des vertus de sa vie, mais ce sera un grand et fécond exemple.


Paul Leroy-Beaulieu naquit le 9 décembre 1843, à Saumur, où son père exerçait alors les fonctions de sous-préfet. Le véritable siège de la famille était Lisieux, dont son grand-père fut maire après 1789, puis député du Calvados à l’Assemblée législative. Son père, lui-même, d’ailleurs, fut aussi maire de Lisieux, très apprécié par ses administrés, et ami de Guizot, habitant le Val Richer, dans le voisinage, qui lui ouvrit la porte de l’administration sous-préfectorale, puis préfectorale, jusqu’à ce que, sous la deuxième République et au début du second Empire, les électeurs l’aient nommé député du Calvados. Paul