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comme simples cargos, au même titre que nos instrumens de transports terrestres.

Tous les besoins se tiennent dans un État bien organisé, et ceux de la marine marchande ne doivent pas être oubliés. S ? l’on n’y prend garde, à la fin de la guerre nous allons nous trouver avec une flotte appauvrie, épuisée, ayant à soutenir la concurrence de marines étrangères qui, au contraire de la nôtre, se seront renforcées et enrichies pendant les hostilités ainsi que nous venons de l’exposer. Quant aux navires qui nous resteront, ils auront été surmenés par leur service de guerre intensif et beaucoup seront dans l’impossibilité de reprendre la navigation. Sans même attendre la signature de la paix, peut-on nous garantir que le tonnage ne nous fera pas prochainement défaut, si nous ne nous mettons pas en mesure de le reconstituer ?

Nous ne saurions signaler avec trop d’insistance le danger de la période d’après-guerre pour la marine marchande française. « Un champ d’activité très large lui sera ouvert, mais elle manquera de l’outillage indispensable pour transportera Aucun sacrifice, aucun encouragement ne pourront le lui fournir au moment nécessaire. Elle verra donc lui échapper, au détriment de tous les intérêts nationaux, un trafic auquel elle ne sera pas en mesure de satisfaire et dont s’empareront des concurrens plus heureux. Quels efforts ne faudra-t-il pas déployer plus tard pour ramener ce trafic au pavillon français !

« C’est pourquoi l’œuvre urgente et capitale est de travailler dès à présent à abréger le plus possible la période critique de l’après-guerre et à atténuer sa gravité. Pour cela, il faut construire en France le plus grand nombre possible de navires de commerce. Seules les constructions réalisées en temps de guerre pourront être utilisées pour le trafic intensif qui se produira dès la fin des hostilités[1]. »


J. CHARLES-ROUX.

  1. Assemblée générale du Comité central des Armateurs de France (9 mars 1917).