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jaugeant 2 300 000 tonneaux, en partie récupérés par la saisie de nombreux bâtimens allemands.

Comme il fallait s’y attendre, la construction a été entravée du fait de la guerre et surtout par les besoins de l’Amirauté. La production a été, en 1915, inférieure à la moitié de celle de 1914. On s’est borné, en général, à terminer les navires qui étaient déjà avancés à la fin de 1914. La cause de cet arrêt des chantiers doit être recherchée dans la rareté de la main-d’œuvre accaparée par les travaux de l’État, et dans l’élévation du prix des matériaux. Mais la situation ne devait pas tarder à se modifier radicalement. Les torpillages sévères subis par la marine anglaise, du fait des submersibles allemands, devaient ouvrir les yeux au Gouvernement qui, en mars 1916, menaçait de prendre les constructions à son compte, en réquisitionnant les cales, si les armateurs ne se décidaient pas à s’entendre avec les constructeurs au sujet des nouveaux prix appliqués aux devis de construction. L’intérêt bien compris des uns et des autres, stimulés par la hausse des frets et par la nécessité patriotique du ravitaillement national, devait aboutir à la reprise soudaine des affaires. D’après le Lloyd’s Shipping Register du 12 novembre 1916, 2 282 769 tonneaux se construisaient sous sa surveillance, et d’autres travaux se poursuivaient sous le contrôle d’autres registres, notamment de la British Corporation. Le même Lloyd’s Register n’indiquait que 1 540 218 tonnes brut en chantier au 30 juin 1916. On juge des progrès accomplis à quatre mois d’intervalle en rapprochant ces deux chiffres. La direction du Bureau maritime des États-Unis estime que l’Angleterre a fourni en 1916 le plus fort contingent de bateaux neufs avec 619 000 tonnes contre un demi-million mis à l’eau par les États-Unis.

Des extensions considérables ont été réalisées en Écosse aux chantiers situés le long de la Clyde. Jamais ceux-ci n’ont été mieux organisés, ni mieux équipés ; jamais ils n’ont été mieux à même de rivaliser avec le reste du monde. Les armateurs recherchent de toutes les façons le moyen de relever le tonnage national, même en augmentant les superstructures du navire. L’État se préoccupe tout particulièrement de cette question. Les achats de navires à l’étranger ont été favorisés par une action diplomatique, de sorte que, malgré les pertes dont nous venons de parler, la marine du