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Ainsi, les nations neutres ont largement profité de leur situation privilégiée comme agens de transports maritimes. Celles qui, avant la guerre, s’adressaient à l’Angleterre réservent maintenant les commandes nouvelles à leurs constructeurs nationaux auxquels sont faites des conditions particulièrement avantageuses. D’autre part, les navires neutres disponibles sont payés des prix exorbitans par les Alliés. Ces sources de profits exceptionnels ont procuré à l’industrie et au commerce maritimes neutres des capitaux considérables qui leur permettront de se développer de plus en plus et de s’assurer, la guerre terminée, une position des plus avantageuses vis-à-vis des belligérans et, principalement, vis-à-vis de nous.

Les armateurs espagnols s’efforcent eux aussi d’augmenter leurs moyens d’action ; des cales sont en construction ou projetées sur divers points du littoral, notamment dans la province de Valence. Le roi Alphonse XIII favorise ce réveil national et faisait récemment et justement observer à ses sujets qu’à l’heure actuelle, il y a en Espagne abondance de capitaux disponibles et qu’il conviendrait d’en profiter pour créer la grande industrie dont son pays a besoin pour être indépendant. L’idée, émise par le jeune et brillant souverain, a été comprise. On parle également de la fusion des flottes de La Valenciana de Vapores, de Ferer Peset Hermanos, de la Tintere et de La Navigacion Industria, réunissant 45 navires en service et cinq sur cale, en une seule compagnie, la Transmediterranea, au capital de cent millions de pesetas.


CHEZ LES ALLIÉS

Passons maintenant à l’examen des constructions maritimes dans les pays alliés. L’Angleterre d’abord. Il ne saurait être question, naturellement, de comparer son effort à celui de la France. Sa marine de commerce était, avant la guerre, huit fois et demie plus puissante que la nôtre, avec 21 millions et demi de tonneaux brut environ. En outre, la Grande-Bretagne se trouve dans des conditions géographiques très spéciales qui lui imposent un programme d’armement particulièrement chargé. Elle a, enfin, tout spécialement souffert de la campagne sous-marine, puisqu’on estime que, du 2 août 1944 au 1er janvier 1917, elle aurait perdu plus de mille navires