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campagne de 1804, l’encerclement, l’étouffement de la Sécession. Et quelles réflexions on est conduit à faire aujourd’hui, quand on se rappelle qu’à part la torpille automobile, cette guerre vit mettre en jeu tous les engins maritimes de la guerre de côtes, comme elle vit entreprendre — et réussir — les opérations les plus hasardées, les passages de vive force qui paraissaient le plus certainement voués à l’insuccès ! Enfin oublierons-nous que les Nordistes surent créer le type essentiel du matériel flottant de la guerre de côtes, le « monitor ? »

Je ne cite que pour mémoire ce siège épique de Port-Arthur qui marque si fortement la dernière phase de la guerre de Mandchourie et où l’assaillant resta victorieux.


Au regard de ces enseignemens du passé, j’aurai voulu noter ceux que nous fournit déjà la guerre actuelle. Cela ne m’est pas permis, du moins en ce qui touche les opérations côtières les plus intéressantes, les plus connues. Je rappelle seulement qu’en août 1916, dans la mer Baltique, c’est l’entreprise allemande contre Riga et, plus exactement, contre Reval, peut-être contre Pétrograd, qui échoue pour des motifs que l’on ne connaît pas encore tous, mais où l’on discerne fort bien l’insuffisance fondamentale des moyens employés par l’assaillant. Celui-ci n’a pas, notamment, de bâtimens appropriés à la guerre de côtes, dans des parages que les bancs de roches rendent difficiles.

Entre temps, les Alliés ont bombardé maintes et maintes fois Zéebrügge, mais sans jamais obtenir que ce bombardement, s’il est intense, soit aussi continu et persévérant, de sorte qu’après chacune de ces opérations, dont on célèbre le succès, la base belge des sous-marins allemands se reconstitue et que les submersibles y retrouvent bientôt abri relativement sûr, en tout cas prompts ravitaillemens et réparations faciles[1].

Enfin, à la suite, justement, d’une série d’opérations audacieuses de la flottille de Zéebrûgge et sous le coup des menaces de l’Allemagne au sujet du redoublement d’activité qu’elle va imprimer aux courses destructives de ses navires de plongée,

  1. Au moment où j’écris, on apprend qu’un fort groupe d’hydravions britannique a bombardé non plus Zéebrügge, mais Bruges même, d’où part le canal maritime de 17 kilomètres, qui aboutit au grand port belge. Des établisse mens ont été incendiés, ainsi que des contre-torpilleurs. Souhaitons que, cette fois, les destructions soient définitives.