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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Il n’est que juste de commencer la chronique de cette quinzaine par un hommage aux armées britanniques, qui, aux deux bouts du vaste champ de bataille, en Occident et en Orient, sur l’Ancre et sur le Tigre, ont fait de si beau travail et remporté de si beaux succès. Les Allemands, à l’Ouest de Bapaume, tout comme les Turcs au Nord de Kout-el-Amara, battent en retraite devant nos alliés ; et les Turcs, tout comme les Allemands, jurent leurs grands dieux, ou leur grand Dieu, — car il n’y a pour eux qu’un Dieu, mais c’est le leur, — que cette retraite est volontaire. Ils vont même plus loin, de toute manière : ils assurent, avec cette gravité dont, là-bas, un homme en place ne se départ jamais, que les Anglais l’ont complètement ignorée, non seulement avant et pendant, mais après, ce qui est pourtant difficile à faire croire, fût-ce à un peuple qui a toujours aimé les contes où les héros, mis en situation embarrassante, sont tout à coup enveloppés d’un nuage et rendus miraculeusement invisibles. Le Ludendorff d’Enver pacha, en rédigeant son communiqué, n’a oublié qu’un petit détail : les deux mille prisonniers ottomans tombés aux mains de l’ennemi, avec des mitrailleuses, des fusils, un important matériel de guerre. Mais, du moment que c’était sans s’en apercevoir et sans que les Anglais s’en fussent aperçus, le fait, évidemment, perd beaucoup de son intérêt. C’est certainement aussi sans s’en douter que les troupes du général Maude se sont trouvées portées, par une nouvelle avance, à quelques étapes de Bagdad, comme c’est sans y avoir songé que les Russes, qui opèrent en Perse, ayant repris Hamadan, à mi-chemin entre Téhéran et Kermanchah, sont maintenant au carrefour des principales routes d’une région à laquelle, pour des raisons diverses, le Sultan et l’Empereur, Méhémet et Guillaume, semblaient devoir tenir également. L’état-major