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génoises tout en s’abstenant de la moindre parole sur ses propres travaux pour les réconcilier.

Serait-il arrivé vraiment à M. d’Annunzio d’avoir retenu au passage, dans la Légende Dorée du même évêque de Gênes, l’histoire merveilleuse de ce géant appelé Christophe qui un soir, après avoir servi tour à tour un grand nombre de maîtres qu’il croyait les plus puissans d’ici-bas, avait enfin reconnu le plus puissant des maîtres dans un enfant couronné d’épines, et plus lourd à porter que tout le poids du monde ? Ou bien pouvons-nous espérer de lire bientôt une autre série d’Impressions de guerre où, désormais, M. d’Annunzio nous dira ce qu’il a fait en personne pour engager et pour mener à bien cette guerre libératrice ? Mais je doute qu’en tout cas aucune de ses œuvres nous offre, de nouveau, le charme à la fois discret et subtil des pages tirées par lui du « livre de sa mémoire » pendant que, les yeux bandés, dans un hôpital de Venise, il se demandait si jamais encore il lui serait donné de fournir ce « livre » précieux d’un surcroît de vivantes et chantantes images !


T. DE WYZEWA.


Des circonstances bien indépendantes de ma volonté m’ont empêché de rectifier, jusqu’ici, une très grave et fâcheuse erreur commise par moi dans ma chronique du 15 novembre 1916 sur le dernier roman de M. G. Wells. Je me suis trompé en affirmant que la présente guerre avait modifié les opinions de M. Wells touchant la Russie ; et c’est, au contraire, quasiment de tout temps que l’admirable conteur et philosophe anglais s’est distingué de la plupart des autres écrivains socialistes de son pays par son refus obstiné de ne voir dans les Russes qu’une « horde barbare, » attendant, pour s’ouvrir au progrès, le bienfaisant influx de la « culture » allemande.