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qu’elle tenait de son père dominait la fougue qu’elle tenait de sa mère, et elle voulait rester fidèle à la promesse faite à son Epoux céleste, dût-elle même la conduire en enfer, comme le prétendait l’Esprit du mal. Son Sauveur avait choisi de vivre dans la souffrance ; elle désirait l’imiter et le suivre sur la croix, afin de pouvoir rentrer avec Lui dans la gloire. N’avait-elle pas récemment entendu une voix du ciel parler à son cœur et dire : « Si tu veux être forte dans les combats, il faut qu’à tes yeux toute douceur devienne amertume et que toute amertume te soit douceur. »


Entriamo nella cella del cognoscimento di noi. « Entrons dans la cellule de la connaissance de nous-même. » Cette formule reparait sans cesse dans les lettres de Catherine, et si courte qu’elle soit, elle signifie tout ce que représentait à ses yeux la vie de retraite : « Beaucoup vivent dans une cellule et néanmoins en sont absens par la pensée, lui dit un jour le Sauveur ; je veux donc que ta cellule soit celle de la connaissance de toi-même et de tes péchés. » La connaissance d’elle-même et le connaissance de Dieu, tel était le double secret de la vie cellulaire de Catherine.

« Chaque soir, quand il commençait à faire nuit, raconte Caffarini, Catherine se sentait attirée vers Dieu par une puissance irrésistible. Sa volonté et son cœur se rapprochaient de la volonté et du cœur de Dieu et le monde extérieur s’évanouissait pour elle. » Mais le monde intérieur, le monde de l’esprit, le ciel, le Paradis, s’ouvrait devant elle. A maintes reprises, le Seigneur vint la visiter dans sa cellule, amenant avec lui ses amis, Marie-Madeleine, saint Jean l’Evangéliste et les apôtres Jacques et Paul. Parfois aussi, elle rencontrait ces hôtes célestes dans le jardin, lorsque au crépuscule elle se promenait dans les allées bordées de lavande, parmi les roses et les lis. Un soir, Catherine fut si absorbée par son entretien avec le Seigneur et Marie-Madeleine, que la nuit tomba complètement sans qu’elle s’en aperçût : « Maître, s’écria-t-elle soudain, il ne convient pas que je reste dehors aussi tard, permets-moi donc de me retirer. » — « Fais comme il te semblera bon, ma fille, » fut la réponse. Et comme Catherine se relevait pour descendre dans sa cellule.