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entre toutes les femmes, la patronne de Sienne, la Vierge Sainte et la Mère de Dieu, Madonna Maria. De même que le tentateur, quelques instans auparavant, elle aussi portait sur son bras une robe resplendissante, brodée d’or et de perles, étincelante de pierres précieuses : « Cet habit, ô ma fille, dit la mère de Jésus, de sa voix douce et tendre (qui fait pleurer tous ceux qui l’entendent), cet habit, je l’ai tiré pour toi du cœur de mon fils ; il était contenu dans la blessure de son côté comme dans un écrin doré et de mes propres mains je l’ai brodé. » Alors Catherine, brûlante de désir et tremblante d’humilité, inclina la tête, et la Vierge la revêtit de la céleste tunique.


Quand on pénètre dans l’église San Domenico, à Sienne, on aperçoit, immédiatement à main droite, une porte donnant accès dans une petite chapelle fermée, située un peu au-dessus de l’église elle-même. Dans l’ancien temps, cette chapelle était ouverte : seules, quelques ogives dont on voit encore les restes la séparaient de la nef centrale ; un escalier y conduisait et, lorsque les ogives y furent murées, on en respecta quelques marches qui se trouvent encadrées dans le muret sous lesquelles on peut lire cette vieille inscription : « Catherine montait ces marches pour venir prier le Christ, son Epoux. » C’est la Cappella delle Volte dont il est souvent fait mention dans l’histoire de sainte Catherine. Les Mantellate s’y réunissaient toujours, et c’est là qu’un dimanche après-midi de l’année 1363, en présence de toutes les sœurs assemblées, Catherine reçut, des mains du Père Bartolommeo Montucci, la robe blanche, la ceinture de cuir, le manteau noir et le foulard blanc. « Et en rentrant de l’église, raconte Raymond de Capoue, elle se dit à elle-même : Voici que tu es entrée en religion, tu ne dois plus vivre comme tu l’as fait jusqu’ici ; la vie séculière est passée, une vie nouvelle s’ouvre devant toi ; tu dois te ceindre d’une souveraine pureté, ainsi que le signifie la robe blanche que tu portes ; tu dois ensuite mourir complètement au monde, ton manteau noir le montre ouvertement et désormais il te faudra marcher dans cette voie étroite où si peu d’âmes osent s’engager. » Quand elle se retrouva seule dans sa cellule, elle eut une splendide vision, bien significative. Elle vit un arbre immense chargé de fruits magnifiques au pied duquel se