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alliés, Kovel, Leniberg et Stanislau, le dernier seul avait été atteint. Mais le but de la guerre n’est pas d’occuper des territoires ; il est de détruire la force vive de l’ennemi. Le premier effet de l’offensive de Broussiloff a été sans aucun doute de dégager l’Italie, qui se trouvait depuis le 15 mai dans une situation difficile. Le second a été de bouleverser profondément l’ordre de bataille ennemi. Un coup irrémédiable a été porté aux armées autrichiennes, et pour en effacer l’effet, l’Allemagne qui, au printemps de 1916, n’avait plus qu’une division au Sud du Pripiat, a été contrainte d’y engager des forces considérables. Pour suffire à cette tâche, aggravée encore par l’offensive anglo-française sur la Somme, elle a dû recourir à sa suprême ressource, la formation de divisions nouvelles, au nombre de près d’une trentaine, les unes constituant vraiment une force neuve, les autres n’étant que des dédoublemens de divisions anciennes. Chaque fois qu’on voit l’Allemagne procéder ainsi, on peut tenir pour certain qu’elle fait un grand effort ou pare à un grand danger. Chaque fois, c’est un peu de son capital qu’elle dévore. La campagne de Galicie, à ce compte, a fait une large brèche dans les ressources de l’ennemi, et hâté la conclusion.


HENRY BIDOU.