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fut d’obliger les Russes à un recul général d’une vingtaine de kilomètres, leur gauche restant appuyée au Dniester à Halicz, et leur front suivant la Gnila Lipa. Le 27, Bœhm-Ermolli amenait sa gauche à la hauteur de sa droite en la poussant à une trentaine de kilomètres en avant de Lemberg jusqu’à Zadvorze en direction de Brody. Le 28, il poussait sa droite à Przemyslany ; le même jour, Linsingen enlevait Halicz. La prise d’Halicz rendait très difficile aux Russes de tenir la Gnila Lipa sans être débordés par leur gauche. Ils cédèrent cette coupure et, après des combals d’arrière-garde qui durèrent du 28 au 30, Linsingen, qui a maintenant conversé face à l’Est, comme précédemment Bœhm-Ermolli, et qui prolonge celui-ci au Sud, atteint la ligne Rohatyn-Bursztyn. Le 4 juillet, il est devant la coupure suivante, celle de la Zlota Lipa, tandis que Bœhm-Ermolli, ainsi appuyé à droite, serre sur sa gauche et attaque le G sur le haut Bug, entre Kamionka et Gliniaky. Puis ils s’arrêtent sur ces positions, Bug et Zlota Lipa, Bœhm-Ermolli allongeant simplement sa gauche vers le Nord, dans les conditions que nous allons voir.

À la gauche de Bœhm-Ermolli venait en effet la puissante armée allemande de Mackensen, la IXe armée, celle qui avait décidé la retraite russe au début de mai en perçant le front sur la Dunajec, et qui marchait face à l’Est ; le mouvement de Mackensen était lui-même flanqué à gauche par l’armée de l’archiduc Joseph-Ferdinand, environ une quinzaine de divisions, dont une allemande.

L’armée Mackensen constituait la masse principale et qui donnait la direction de toute la manœuvre. Après la prise de Lemberg, elle ne continua pas le mouvement vers l’Est ; elle s’étendit simplement jusqu’au Bug, à une quarantaine de kilomètres dans le Nord-Est, et, une fois maîtresse de ce fleuve, elle tourna franchement au Nord, marchant sur Lublin et sur Cholm, et décrivant ainsi un immense mouvement tournant autour de Varsovie. Le mouvement vers le Nord, les deux armées Bœhm et Linsingen ne pouvaient plus le suivre. Elles n’avaient plus qu’à se figer et qu’à constituer à la droite du dispositif austro-allemand une sorte de barrage immobile. L’armée Linsingen prit, comme nous venons de le dire, position devant la Zlota Lipa. L’armée Bœhm-Ermolli fit un double mouvement ; elle avança à l’Est jusqu’au Bug, et en même