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austro-hongroise dans le Tyrol méridional, les Russes ont augmenté de jour en jour l’activité de leur artillerie jusqu’à arriver par endroits au Trommel feuer sur le front de Russie méridionale, dans le dessein évident d’entraver ainsi nos opérations dans la haute Italie, et de remporter sur le front Nord-Est des armées impériales et royales, qu’ils pensaient affaibli, des succès à bon marché. Mais, en fait, notre front russe a été puissamment fortifié par un travail de plusieurs mois. L’état des défenseurs est extraordinairement bon, n’ayant pas eu de pertes par les combats ou les maladies, et n’ayant pas été affaibli par le retrait d’unités envoyées à d’autres fronts. On peut donc envisager avec une tranquille confiance les événemens à venir entre la Putilowka et le Pruth. » — Le même jour, l’attaque russe se déclenchait, et les armées du général Rroussiloff, suivant l’expression de Repington, entraient dans les défenses autrichiennes comme dans du papier.


I

Un voyageur qui viendrait du Nord, une fois traversé le Pripiat, se trouverait dans de vastes forêts marécageuses à travers lesquelles de larges fleuves coulent dans le sens du méridien. Après un peu plus de cent kilomètres, il sortirait de cette région couverte et impraticable pour arriver à une région de collines de craie ondulées, à un faite de partage d’où les eaux divergent. Jusqu’ici, elles avaient coulé au Nord, en sens inverse de son chemin ; mais arrivé à cette sorte de plateau, il les verrait descendre vers le Sud, et il n’aurait qu’à suivre leurs cours. Puis, aux collines de la région des sources succèdent de grands plateaux unis ; nous quittons la Volhynie et nous entrons en Galicie. Les rivières, parallèles entre elles, coulent d’abord à fleur du sol ; mais, à mesure que leur cours s’allonge et que leur puissance augmente, elles s’encaissent. Leur vallée qui garde la forme d’une rainure, devient de plus en plus profonde. Toutes ces rivières tombent au pied des Carpathes dans une grande artère transversale, un collecteur qui les reçoit et les emporte, le Dniester.

Ce fleuve dessine une vaste courbe, en épousant la forme des montagnes dont il longe le pied. Et les Carpathes ont en effet la forme d’un grand arc de cercle qui aurait été plissé par une