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signalé les agissemens des royalistes dans les provinces qu’au tant qu’ils étaient dirigés, comme en Thessalie, contre des sujets étrangers. L’énumération des persécutions dont la population libérale tomba victime en Vieille-Grèce, en dehors d’Athènes, serait trop longue. Les crimes commis dans la capitale furent également commis partout où, en Grèce, s’affirme encore l’autorité du roi Constantin.

Avant de conclure, nous nous permettrons de rendre un hommage ému aux efforts vraiment admirables que firent les autorités françaises pour soulager la misère et les malheurs des Grecs libéraux qui, affolés et terrorisés, accouraient vers elles pour se mettre sous leur protection, notamment au Pirée et à Keratsini. Comme l’a si éloquemment dit M. Répoulis dans sa conférence de Salonique, « notre drapeau ne symbolise plus la liberté dans ces parages. Ceux qui échappent à la tyrannie cherchent protection sous le drapeau français. Ce drapeau offre aux Grecs persécutés les bienfaits qu’il porte inscrits dans ses plis : la liberté, l’égalité et la fraternité. Et encore l’égalité n’était-elle pas tout à fait complète, car elle était méconnue en faveur des réfugiés grées qui étaient préférés aux Français eux-mêmes. » — La France s’est ainsi montrée, une fois de plus, fidèle à ses traditions humanitaires, qui ajoutent encore à l’auréole de sa vaillance et de ses victoires.

Son devoir de puissance protectrice l’obligeait à faire plus. Elle devait, tout en exigeant et en obtenant les réparations morales nécessaires pour l’odieux attentat du 1er décembre, pacifier aussi l’antique foyer de la liberté et de la civilisation. Cette double et délicate obligation, elle l’a remplie scrupuleusement et dans la mesure où les circonstances le lui permettaient. Elle a bien mérité de la Grèce libérale qui a toujours ses regards, remplis de gratitude, tournés vers elle, sa grande et noble sœur.

C’est précisément au nom de ce profond et inaltérable sentiment de gratitude qu’un enfant de cette Grèce libérale, atteint lui aussi à Athènes dans la personne de ses parens, se permettra aujourd’hui, sous forme de conclusion au douloureux récit qu’il vient de donner, de faire part à l’opinion de la France de certaines réflexions que les sanglans événement d’Athènes provoquent chez tous les Grecs, amis de l’Entente.

Les réparations morales que, sous l’empire de la nécessité, le roi Constantin a accordées aux grandes nations dont il fit