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Affaires étrangères et conseiller intime du Roi. Il est également certain qu’il en fut de même de la maison située en face de celle de M. Benakis et appartenant à M. Ypsilanti, grand-écuyer du Roi et de la maison du député antivénizéliste Pesmadjoglou. Ceci est prouvé par la direction des balles tirées contre la maison du maire d’Athènes.

b) Les presses et autres machines typographiques de tous les journaux libéraux d’Athènes, — Patris, Hestia, Nea Hellas, Ethnos, Presse Libre, Astir, Défense nationale, — furent démolies par des groupes de soldats, conduits par des officiers et accompagnés dans plusieurs cas par des ingénieurs de la marine royale, chargés de montrer aux troupes comment devait se faire la destruction des machines pour être définitive.

c) Au cours des perquisitions auxquelles les détachemens militaires procédaient dans des maisons des libéraux pour soi-disant y découvrir les armes cachées et destinées, selon la version calomnieuse des royalistes, à l’insurrection, tous les objets de valeur furent démolis ou emportés. Des centaines de maisons furent ainsi littéralement mises à sac. Ce fut notamment le cas des maisons de MM. Venizolos, Benakis et Philaretos, ce dernier secrétaire général du gouvernement provisoire.

« Le domicile du président du gouvernement provisoire, rapporte M. Répoulis, fut cerné et subit un violent feu de mitrailleuses. Il fut bientôt envahi et tout ce qui s’y trouvait fut démoli. La rage dans le cœur et armés de haches, les vandales s’attaquèrent à un buste en bronze du président, œuvre d’un artiste grec, commandée par une personnalité de Paris. La seule richesse contenue dans la maison, la bibliothèque, fut saccagée. Trois jours durant, ils assouvirent leur rage, qui était telle que même le sous-sol de la maison fut mis à sac. »

L’invasion de la maison de M. Benakis fut plus lucrative, le maire d’Athènes comptant parmi les Grecs les plus riches. Les soldats sortaient de la maison avec leurs poches remplies d’objets en or ou en argent, dont la quantité emportée était si grande que plusieurs ont été semés en route par les voleurs pressés d’aller les garer en lieu sûr. Quant à la villa que M. Philaretos possède à Kallithéa (entre Athènes et Phalère), elle fut, elle aussi, mise à sac. Elle contenait une des plus riches bibliothèques de Grèce qui fut entièrement pillée. Pas un seul livre ne fut laissé en place.