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Korakas, qui s’occupait à Athènes du recrutement des volontaires grecs désireux de s’enrôler dans l’armée de la Défense nationale et d’aller combattre les Bulgares. Cette lettre aurait été saisie chez le général Korakas, lors de la perquisition qui fut exécutée à son domicile le 2 décembre. Le démenti suivant, indigné et catégorique, que M. Venizelos opposa à cette calomnie montre ce que contenait cette lettre apocryphe, que tous les journaux royalistes d’Athènes publièrent avec fracas. Ce démenti du président du gouvernement provisoire est adressé aux gouvernemens des Puissances de l’Entente, parce que, comme on le verra, ces gouvernemens sont, eux aussi, mis en cause dans la prétendue lettre de M. Venizelos que les royalistes fabriquèrent.

« Les gouvernans d’Athènes, déclara M. Venizelos, viennent de commettre à mon égard une nouvelle infamie en faisant publier dans leurs journaux, les seuls qui paraissent actuellement à Athènes après le sac des bureaux des journaux libéraux, le fac-similé d’une soi-disant lettre que j’aurais adressée le 25 octobre-7 novembre dernier au général Korakas, lui exposant mes projets politiques et mes préparatifs, d’accord avec les représentans de l’Entente, en vue de mon installation à Athènes avec la reconnaissance officielle des Puissances. Je n’ai jamais écrit pareille lettre et je dénonce le faux auquel les gouvernans d’Athènes ont osé recourir dans l’espoir d’achever d’égarer l’opinion publique. » (12 décembre 1916.)

La déclaration suivante de M. Guillemin, ministre de France, mérite d’être rapprochée de celle de M. Venizelos :

« On avait fait circuler dans Athènes, déclara l’éminent diplomate, une histoire qui y trouve encore crédit : la démonstration de l’amiral du Fournet aurait été destinée à détrôner le Roi et à établir une république dont M. Venizelos aurait été le chef. On croit à Athènes que M. Venizelos se trouvait à bord d’un de nos vaisseaux, dans la baie, et que nous étions prêts à tous momens à le débarquer pour qu’il prît la direction du nouveau gouvernement que nous allions établir. Tout ceci est absurde et prêterait en réalité à rire, si ces histoires n’avaient servi de prétexte aux plus horribles atrocités et aux événemens les plus tragiques. »

En fait, le but que se proposaient les royalistes grecs en forgeant ce document n’était pas seulement d’y puiser une