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commencé à minuit et s’était terminée avant le lever du jour, de façon que personne ne pût s’en apercevoir. En même temps, une triple ligne de soldats avait été disposée autour du palais du Roi, et un bataillon d’infanterie aux effectifs complets avait pris position autour du Zappion où se trouvait un contingent de fusiliers marins français débarqué depuis quelque temps à Athènes. Les points derrière lesquels ce bataillon grec se dissimulait avaient été choisis de manière qu’au premier signal, le bâtiment du Zappion fût cerné et toutes les issues tenues.

Dans l’intérieur de la capitale de fortes patrouilles de fusiliers marins, de fantassins et de cavaliers grecs circulaient, dès les premières heures de la matinée du 1er décembre.

En somme, sans compter la gendarmerie qui était tout entière en branle sous le commandement du major Caragounis, 8 à 9000 hommes se trouvaient mis sur pied de guerre et concentrés sur des positions stratégiques, rien qu’à Athènes et au Sud de cette ville. C’était la 2e division dans son entier. Mais cette division n’était pas la seule force que le Roi se proposât de lancer contre les Alliés. Au Nord d’Athènes, sur la ligne Tourcovounia-Maroussi-Menidi-Hassia, une division de réserve, — la 11e, — avait été installée, avec une certaine quantité d’artillerie. Et derrière cette ligne, dans la région de Thèbes et de Livadie, une seconde force de réserve avait été concentrée : elle se composait de la 13e division de Chalcis, transportée de l’île d’Eubée entre le 25 et le 29 novembre et comprenait trois régimens complets d’infanterie et un régiment d’artillerie.

Les troupes de la région militaire d’Athènes étaient placées sous le commandement du général Kallaris, commandant du 2e corps d’armée. Le rôle de ce général, pendant les deux guerres balkaniques, avait été brillant. Il serait absurde de le taire. Au contraire, si nous le rappelons, c’est pour montrer combien habile et combien dangereuse fut la propagande allemande, qui parvint à intoxiquer même certains élémens jusque-là parfaitement sains de la Grèce, en exploitant leur loyalisme et en leur enlevant, — par une campagne systématique de mensonges et de dénigrement à laquelle l’Entente ne voulut pas répondre avec force et méthode, bien qu’elle eût pour elle le droit et la vérité, — la possibilité de discerner clairement les intérêts supérieurs de leur pays et de sacrifier leur fidélité à la