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« Et, en ce qui concerne l’équilibre des Puissances, je puis vous assurer que les renseignemens que vous avez à ce sujet ne sont pas exacts. Ainsi que vous pourrez vous en assurer par le tableau ci-joint, les autorités navales et militaires de l’Entente ont en leur possession un total de 191 canons grecs de divers calibres dont la plupart à tir rapide et de modèle récent, alors que les armées des Germano-Bulgares n’en détiennent que 124, et dont la plupart sont de vieux modèle et devenus inutilisables. Vous possédez également un nombre de mitrailleuses et de fusils grecs supérieur à celui que possèdent vos ennemis.

« Après l’attitude de conciliation dont a témoigné le gouvernement grec depuis son arrivée au pouvoir et après les preuves qu’il vous en a données, en s’efforçant de régler amicalement les questions qui faisaient l’objet des lettres qu’en plusieurs occasions vous lui avez adressées, il avait le droit d’espérer que dans l’avenir ne lui seraient pas soumises des exigences que leur nature même rend inacceptables.

« En cédant en effet son matériel de guerre avec ou sans compensation, le gouvernement grec se livrerait à une si flagrante violation de la neutralité de la Grèce que l’Entente a reconnue, que les Empires centraux, lesquels ont déjà protesté avec force contre la prise de la flotte légère grecque, considéreraient sans doute son acte comme un acte d’hostilité à leur égard. Et, d’autre part, l’opinion publique du pays, qui se manifeste sans cesse sur la présente question, ne tolérerait pas de voir la Grèce démunie de ses armes et dans l’impossibilité de défendre ses intérêts vitaux si dans l’avenir ils venaient à être mis en danger.

« Pour ces raisons, monsieur l’amiral, je me trouve obligé, au nom du gouvernement grec, d’opposer à votre demande datée du 3-16 novembre un refus tout à fait catégorique, bien que je garde l’espoir que vous en reconnaîtrez le bien fondé.

« Agréez, etc.

« SPYRIDON LAMBROS. »


L’amiral Dartige du Fournet répondit à cette note par un ultimatum. Mais, avant de donner le texte de ce document, il convient de remarquer que des 191 canons qui, suivant la note de M. Lambros, sont entre les mains des Alliés, un nombre insignifiant est utilisable, car ce sont pour la plupart des canons