Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/899

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autres écoles, travaillaient à la répandre à l’étranger, dans les grands établissemens de culture française qui sont confiés à la direction intellectuelle et à la tutelle morale de l’Institut de France. Mais la guerre, sans éteindre ces foyers de science et d’art, avait appelé à d’autres devoirs ceux qui avaient été chargés d’entretenir pacifiquement, à Rome, à Athènes, et jusque dans les lointains parages de l’Extrême-Orient, l’immortelle flamme du génie français. Et déjà, au moment où M. Emile Châtelain, président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, prenait la parole au nom de cette Compagnie, dans la séance publique du 20 novembre 1914, notre Ecole archéologique de Rome avait perdu deux d’entre les meilleurs disciples de Mgr Duchesne : Robert André-Michel et Jean Martin, morts glorieusement, celui-ci le 29 août 1914, à Gerbéviller, celui-là, le 13 octobre de la même année, à Crouy. L’année suivante, dans la séance du 19 novembre 1915, M. Edouard Chavannes, inscrivant au Livre d’or le nom de M. Demasur, architecte de l’Ecole d’Extrême-Orient, exprimait la crainte que cette liste ne fût pas close. Et son successeur, M. Maurice Croiset, dans la dernière séance de la Compagnie, a déploré de nouvelles pertes parmi les jeunes savans des Ecoles françaises de Rome et d’Athènes, devenus soldats[1].

Par décret du 26 janvier 1850, l’Ecole française d’Athènes, fondée par ordonnance royale du 11 septembre 1846, fut placée sous le haut patronage de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui, depuis près d’un demi-siècle, surveille avec une indulgence toute maternelle le cours varié de ses travaux, et qui n’a pas dédaigné d’examiner sans parti pris les plus sérieuses dissertations du fantasque Edmond About. Cette mission permanente, vouée à l’archéologie, à l’épigraphie et à toutes sortes d’autres disciplines qui d’ailleurs s’accordent fort bien avec le goût juvénile des voyages pittoresques, n’est pas la

  1. M. Joseph Déchelette, correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, capitaine au 104 » territorial, passé, sur sa demande, au 208e d’infanterie, afin de servir plus tôt sur le front, est mort au champ d’honneur, le 3 octobre 1914, près de Vic-sur-Aisne, à l’âge de cinquante-deux ans. Cité à l’ordre de l’armée avec le motif suivant : « Frappé mortellement alors qu’il entraînait sa compagnie sous un feu violent d’artillerie et d’infanterie et lui avait fait gagner 300 mètres de terrain. Avant de mourir, il a demandé au lieutenant-colonel commandant le régiment si on avait gardé le terrain conquis, et, sur sa réponse affirmative, lui a exprimé sa satisfaction, en ajoutant qu’il était heureux que sa mort servît à la France. »