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et de Montréal. Le prix d’achat de 4 dollars 88 le quintal, traduit au change italien par 32 fr. 65, auxquels s’ajoutaient 11 francs de transport jusqu’à Gênes et 1 fr. 35 de Gènes à Milan, revenait ainsi à 45 francs. A la même date, le gouvernement italien importa du blé d’Australie moyennant 52 francs le quintal franco Gênes.

La viande de bœuf a haussé de 40 à 60 pour 100, suivant les villes, et l’ensemble des denrées de consommation populaire accuse depuis août 1914, d’après les statistiques officielles, une augmentation qui varie de 25 pour 100 à Rome et à Milan, 35 pour 100 à Florence, Naples et Turin, et va jusqu’à 50 pour 100 à Udine et à Bologne.

Seul, parmi les belligérans, le Japon a vu son commerce extérieur largement développé par la guerre qui lui ouvrait de nouveaux débouchés. Ses exportations de 1916 ont atteint 4 milliards de francs, un tiers de plus qu’en l’année 1915, qui elle-même avait été supérieure à toutes les années passées. Ce chiffre excède de plus d’un milliard celui des importations. Parmi les nouvelles industries japonaises, une des principales est la manufacture du coton. Les filatures de l’Empire du Soleil-Levant travaillent avec de grands profils sur le pied de 22 heures par jour ; quinze compagnies ont augmenté leur capital et la production, en partie exportée en Chine, a été de 250 millions de kilos. Le Japon, qui depuis deux ans avait accru ses relations avec l’Amérique du Sud par le Pacifique, en inaugure de nouvelles par l’Atlantique avec le Brésil, en établissant depuis le 1er février, par Singapoure, Ceylan, Madagascar et le Cap-de-Bonne-Espérance, un service de cinq navires de 7 500 tonnes, qui porteront, avec ses émigrans, les produits manufacturés de l’Extrême-Orient dans le Nouveau-Monde.

La plupart des pronostics faits durant la paix sur la durée possible d’une guerre européenne se sont trouvés faux ; la capacité de résistance de l’Europe étonne ses citoyens eux-mêmes autant que l’univers. Mais nul n’avait prévu la rupture de l’équilibre mondial dont l’Allemagne fut la cause et sera la première victime.


GEORGES D’AVENEL.