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conditions avantageuses, malgré I-a hausse que provoqua soudain cet achat colossal.

Ce stock transporté des Etats-Unis, de Java, de l’Ile Maurice et de l’Argentine sur des bateaux réquisitionnés, fut mis en vente à des prix rémunérateurs pour l’Etat, qui employa ensuite le bénéfice ainsi obtenu à maintenir les sucres au-dessous du cours commercial. Aux Anglais, le taux actuel d’un franc le kilo peut sembler exorbitant puisqu’il est plus que double du prix pratiqué avant l a guerre ; mais la consommation britannique ne s’en ressent guère, à peine si elle a diminué de 8 pour 100 — 80 000 tonnes — l’an dernier.

Elle a progressé pour d’autres articles, en dépit de l’augmentation des droits et de la hausse des prix : tels le tabac, de 96 à 108 millions de livres ; le cacao, de 61 millions en 1913 à 104 millions ; le thé, de 305 à 317 millions de livres. Quoique l’usage s’en multiplie partout, — puisqu’en Russie l’importation de 1915 a été supérieure de 52 millions de livres à celle de 1914, — la culture scientifique du thé se développe à proportion de la demande, aussi bien en Chine qu’aux Indes, à Ceylan ou à Sumatra.

Bien que les textiles et les métaux aient haussé beaucoup plus que les denrées, que la laine notamment ait doublé, le solde restant en Angleterre était de 771 millions de livres au commencement de cette année contre 213 millions l’année précédente., Nos voisins, accumulant avec prévoyance des provisions pour la période qui suivra la paix, ont prohibé la sortie ; le grand marché d’exportation pour les laines filées était l’Allemagne, dont la clientèle représentait environ 50 millions de livres. Mais, depuis le commencement de la guerre, il est sorti des fabriques anglaises, pour les armées nationales ou alliées, 48 millions de paires de chaussettes, 16 millions de caleçons, 14 millions de couvertures, 65 millions de mètres de flanelle et 133 millions de mètres de drap militaire.

Dès la fin de l’été dernier, l’intendance britannique avait pris livraison de 18 millions de paires de bottes. Rien que pour les casquettes de l’armée — et c’est la moindre partie des ordres en main — il faut 260 000 kilos de cuir ; en outre, de grands contrats sont en cours d’exécution pour la Russie et l’Italie dans les comtés de Northampton et. de Leicester. Pour modérer la hausse des cuirs et des matières tannantes,