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activées et favorisées par la hausse du charbon. En Italie, les prohibitions d’entrée ou de sortie ont occasionné, suivant les industries, des pertes ou des gains, tantôt en supprimant un débouché avantageux : tel celui des peaux de ganterie, précédemment exportées en Autriche ; tantôt au contraire en paralysant une concurrence redoutable : ce fut, depuis 1914, le cas des tresses et chapeaux de paille mécanique que l’Angleterre et l’Amérique du Nord vont acheter en Toscane au lieu de s’en fournir en Germanie.

Dans une même branche d’industrie, la guerre a eu, suivant la situation des usines, des effets tout opposés : en Espagne, les fabriques de céramique de Valladolid, Palencia, Ségovie ou Salamanque ont bénéficié de la guerre, parce qu’elles avaient à proximité leur matière première ; tandis que les fabriques d’Oviedo et Santander, où cette matière était importée des pays belligérans, se trouvent aujourd’hui paralysées. « Quoique les conditions de la guerre, disent les inspecteurs espagnols du travail, aient créé des marchés à notre production nationale, souvent il n’a pas été possible d’en profiter, faute de personnel technique, de capacité industrielle ou de coutumes commerciales assez modernes. » Dans la confection des vètemens pour les armées belligérantes, le bénéfice n’a pas été ce qu’on espérait parce que, n’ayant pas les provisions suffisantes de laine, nos voisins de la péninsule ont dû l’acheter à haut prix pour exécuter leurs contrats.

Néanmoins, des industries nouvelles ont surgi en Espagne depuis deux ans, suscitées, soit par la demande de divers pays d’Europe, — les tours de petit modèle pour l’Angleterre, les moulins à café pour la France, le coton hydrophile ou le cuir corroyé, — soit par l’arrêt des envois du dehors : c’est ainsi que, malgré la qualité inférieure du verre indigène et le défaut de main-d’œuvre capable, il s’est établi à Madrid des ateliers de verre soufflé et de lampes électriques, pour tenir lieu des importations défaillantes d’Iéna, de Hongrie et de Paris.

Au contraire, l’absence de crédit intérieur a forcé des fabriques espagnoles de papier d’alfa à suspendre le travail, juste au moment où le papier manquait et enchérissait partout. De sorte qu’il y eut là des ouvriers en chômage forcé pendant que d’autres pays, la France notamment, souffrait de la pénurie de bras. Faute de fonds aussi, des constructions de voies ferrées