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articles allemands d’imitation et de fantaisie, qui alimentaient sa mercerie indigène, par des similaires espagnols ; le Japon cherche à gagner le marché de la Chine ; les Etats-Unis celui du Sud-Amérique ; Etats-Unis et Japon visent tous deux celui de la Russie où, d’ailleurs, les manufactures de laine et de colon ont grandement accru leur production.

Depuis la guerre aussi, la métallurgie russe s’est transformée ; elle importait précédemment plus de moitié de son acier brut parce que les produits des usines de Volga étaient loin d’être satisfaisans ; aujourd’hui le prix de l’acier a triplé et les manufactures nationales ont plus que doublé d’importance. Aux usines de Danemark et des pays Scandinaves, qui tiraient d’Allemagne en temps normal leurs produits manufacturés, la guerre a conféré une sorte de privilège ; il est vrai qu’il leur est difficile et onéreux de se procurer les matières premières et que, par exemple, la cherté du zinc et de l’huile d’olive atténue quelque peu le profit de l’industrie norvégienne des conserves de poissons.

L’Angleterre, assez peu fournie en temps de paix d’alcools industriels, se trouva embarrassée pour la fabrication des explosifs ; d’autant plus que la campagne des sous-marins gêna pendant quelque temps l’arrivée régulière des mélasses des Indes, qu’utilisent les grandes distilleries de Londres. Celles-ci d’ailleurs furent bientôt reconnues incapables d’approvisionner à elles seules le département des munitions ; on mit à contribution les usines d’Ecosse et d’Irlande qui travaillaient auparavant de faibles quantités de maïs, et on leur imposa la fourniture de 900 000 hectolitres d’alcools. Les Anglais estiment que, par-là même, l’industrie de la distillerie, qui s’était confinée en Allemagne et autres pays du continent, se trouvera développée chez eux ; leurs alambics, pensent-ils, auront des débouchés qui ne seront pas seulement une source de revenus ; ils serviront à stabiliser les cours d’une marchandise trop souvent sujette dans le passé aux surproductions et aux déficits. C’est, en tout cas, un résultat indirect du blocus de l’Allemagne, beaucoup plus durable et plus funeste pour elle par tout ce qu’il empêche d’en sortir que parce qu’il empêche d’y entrer.

Une autre conséquence de la rupture des communications, c’est qu’en Italie et en Espagne les travaux d’utilisation des chutes d’eau, productrices de force motrice, ont été beaucoup