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déboucher à l’heure dite. Accroché dès lors par la 3e armée, il devait arriver trop tard et trop las pour réussir sa première tentative sur Verdun.

La grande retraite stratégique prescrite, avec tant de lucidité, par le général Joffre ne fut possible que parce que nos armées du centre avaient gardé le point d’appui et le pivot que leur assuraient les places de l’Est.

La bataille de la Trouée de Charmes avait arrêté net le mouvement des armées allemandes pour tourner ces places par l’Est. La bataille des Ardennes, qui fut une défaite tactique, reconnut les armées allemandes du centre et leur lit payer si chèrement leur victoire qu’elles perdirent l’élan nécessaire pour asséner le coup sur lequel tablait l’Etat-major allemand. La bataille de la Sambre, avec la retraite qui la suivit, parut, un instant, tout compromettre ; mais la belle manœuvre de l’Ourcq inaugura la victoire de la Marne.

La bataille de la Marne n’est pas un fait qui tienne du prodige. Toute l’énergie française, — haletante et désespérée, — mais confiante quand même, s’était exercée et entraînée dans ces grands événemens militaires qui, après l’avoir mise à l’épreuve, furent, pour elle, la rude école de la victoire.


GABRIEL HANOTAUX.